
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e * .
^ ^ Les émirs étant enfuite entrez, un d’eux dit que
' c’étoit le patriarche de Jerufalem qui donnoit ce
i ' 75- confeil au roi, Si que fi on le vouloir croire il feroit
bien jurer le roi en coupant la tête au patriarche Si
Sttf. Uv. I.7.H. ]a faifant voler fur les genoux du roi. Ce prélat
étoit Robert auparavant évcque de Nantes & depuis
dix ans patriarche de Jerufalem. Il étoit venut
de Damiete avec fauf-conduit pour aider au roi à
faire le traité Si c’étoit un vieillard de quatre-vingt
ans. Les émirs le prirent & le lièrent devant le roi
à un poteau , les mains derrière le dos fi ferrées
qu’elles devinrent en peu de temps greffes comme
la tête , 8i le fang en fortoit en plufieurs endroits,
Il crioit : H a , fire , jurez hardiment : j’en
prens le péché fur m o i , puifque vous voulez accomplir
votre promeife. Je ne fe a i, ajoute Le fire de
Join ville,fi le ferment fut fa it , mais en fin les émirs-
furent contens. Il fu t convenu que Damiete leur
feroit rendue le lendemain de l’A fcenfion, e’eft-
à -d ire , le vendredi fixiéme de M a i, 8i en même
temps le roi Si tous les prifonniers délivrez,
x x i . Le roi exécuta de bonne fo i la convention : i!
t. Louisdchvr. rencjjt D anTie(;e Jc jour marqué Si païa les deux
cent mille livres du premier paiement- Comme il
manquoit trente mille livres pour achever la forante,
il la demanda à emprunter au commandeur
du T em p le , qui d’abord la refufa fous prétexte
qu’il ne pouvoit difpofer des deniers de l’ordre
fans violer fon voeu. Mais le fire de Joinville par
ordre du r o i ,s ’étant mis en devoir de rompre.à
coups de coignée un coffre qu’on ne lui vouloir
pas o u v r ir , en tira l ’argent neceifiire, Le roi fut
L i v r e q u a t r e - V i n g t - t r o i s i e ’m e . 4 ; ? ___________
énfuite averti que les Sarrafins s’étoient mécomp- ^ n . I2 . 0>
tcz de dix mille livres : mais il s’en fâcha férieulè-1 .
„ I C J • T l • * 7- ment Si les-ne paier avant que de partir. Il quitta
ainfi l’Egypte avec fes deux freres A lfonfe Si Charles
8i plufieurs autres feigneurs Si chevaliers: laif-
fant des commiifaires pour retirer le refte des pri-
fonniers 8i païer les autres deux cent mille livres.
Le roi arriva au port d’Acre où il fut reçu par Jùnv.t.iâ.
ceux delà ville avec grande jo ie , Si les proceflions
vinrent au-devant de lui jufqu’à la mer. De-là il vuch-t-+&
envoïa encore des ambafladeurs Si des vaiffeaux
en E g yp te , pour ramener les prifonniers, les machines
, les armes, les tentes, les chevaux Si tout
le refte de ce qu’ils avoient laiifé. Les émirs retinrent
long-temps au. Caire ces ambaffadeurs, leur
donnant de belles efperancesj mais de plus de douze
mille prifonniers ils n’en rendirent que quatre
c en s , 8i rien de tous les meubles. Dès leur entrée joinv-t-7*5
à Damiete ils avoient égorgé tous les malades Si
brûlé toutes les machines Sc les autres chofes qu’ils
devoient garder. Ils choifirent entre leurs prifonniers
les jeunes gens les mieux fa its , Si leur mettant
fur le co lle tranchant de leurs épées, ilss’ef-
forçoient de leur faire profeifer la religion Maho-
merane ; plufieurs apoftafierent, les autres fouffri-
rent le martire.
Loiiis avoit réfolu de revenir en France, fuppo-
fant que les prifonniers feroient d é liv re z , Si que
ce que les Chrétiens poffedoient, outre ¡. mer de-
meureroit en paix pendant tout le temps de la.
trêve;, mais la mauvaife foi dès émirs lui fit changer
de réfolution. V pïant clairement qu’ils fe ma-
L l l iij