
*— — —— gne e il agitée par fes guerres civiles : en Efpagne on
A n . 1 14 6 . maltraite les évêques jufqu a leur couper la langue,
nous appauvriiTons la France , & elle a confpiré contre
^nous : l'Angleterre fatiguée &épuifée par nos vexations
, commence à parler & à fe plaindre , comme
l ’âneiTe de Balaam accablée de cou ps, ainfi nous attirons
tout le monde contre nous- Le pape ne fe ren-
d oit pas à cette remontrance & vouloir punir l’A ng le terre
, quand les ambafladeurs qui en étoient partis
arrivèrent ; & l’aflurerent que fes amis avoiént adouci
ie roi, & qu’il en obtiendrait bien-tôt ce qu’il délirait.
C e tte nouvelle réjoiiit le pape, & ramena la ferenité
fur fon vifage.
Reprenant donc cou ra g e , il manda au x prélats
d’Angleterre, que tous les beneficiers refidans en leurs
bénéfices lui païaiTent le tiers de leur revenu, & les
non refidans la moitié j & il commit l ’évêque de Londres
pour l’execution de ce mandement. Le prélat en
affembla quelques autres, avec lefquels il devoit pro-
pofer l ’ordre du pape dans S. Paul de Londres le lem
demain de la S. A n d r é , c’eft-à-dire le premier jour
de Décembre 1 14 6 . Mais toute l’aflemblée s’oppofa à
cette contribution par les raifons fuivantes. L ’ufage
des églifes cathédrales eft que les chanoines refidans,
qui font peu en quelques-unes,entretiennent les moindres
clercs & les autres miniftres de l'églife du revenu
des bénéfices qu’ils ont en divers lieux : or fi on en
retranche la m oitié, le fervice de l’églife manquera,
les chanoines ne pouvant plus y fou rn ir, ni refider
eux-mêmes dans les cathédrales avec fi peu de revenu,
car à peine leur refteroit-il le quart -, déduftion
faite des frais de tecolte & les autres charges. Les
L i v r e q u a t r - v i n g t - d e u x i e ’mé. $67
maifons religieufes d’Angleterre font fondées du re j—
venu des paroiiTes, qui à peine leur fuffit : fi on le ré- A n . 1 1 4 Î .
duit à la m oitié , la moitié des religieux feront obligez
à fortir pour aller mandier, errant par le monde,
au préjudice de leur obfervance & expofez à divers
pechez. L ’hofpitalité & l ’aumône, qui fe pratiquent
dans les monafteres & dans les paroiiTes par les curez,
ceiferont neceflairement, & par confequent l ’amitié
& la faveur du peuple qui en fentoient les effets. Le
clergé trop pauvre pour foûtenir fes droits, fera ex-
pofé à l’oppreffion.
Outre les pauvres dont le nombre eft in fin i, les ee-
clefialliques font fubfifter leurs parens & leurs fervi-
teurs, qu’ils feront obligez de congédier *,& qui n’étant
pas accoutumez à travailler, chercheront à vivre de pillage
au préjudice du repos public. La moitié du revenu
des bénéfices ne doit être comptée qu’après la déduction
des charges : favoir les penfions, les logemens des
prélats, les réparations Sdesornemens des é g life s , les
frais de culture. On a païé depuis peu au pape fix mille
marcs d’argent pour le vingtième : à proportion la
moitié montera a foixante mille marcs, & avec les dé-
dudions neceffaires à quatre-vingt m ille , à quoi tout
leroïaumed’Angleterrepourroit à peine fuffire, & tout
cet argent fortiroit duroïaume, au lieu qu’il y demeure
étant dépenfé par le clergé. Par ces raifons l’églife A n -
glicanne s’oppofoit à cette nouvelle exaétion, appela
n t à J . C . même & au concile qui fe tiendrait un jour.
Mais il ne fut pas befoin de pourfuivre cet appel, car
le roi envoïa à l’ailemblée de Londres un chevalier &
un docteur qui défendirent étroitement de ia part de
çonfentir à cette contribution.