
A n. 12.43.
IX.
Traité entre le
pape Se 1*empereur.
Matth• Par if»
f - S S 4 .
f*5JJ*
2.86 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
glife Le pape eut encore grand égard à la recommandation
du roi S. Louis, qui intercedoit pour le
comte , comme il lui témoigne par fa lettre du premier
de Janvier 1144. l’exhortant à le traicer fi bien ,
qu’il demeure toûjours fidèle au S. fiége & au roi
lui-même.
Raimond étant ainfi rentré en grâce fut nommé
par l’empereur pour traiter de fa paix avec le pape , &
il lui joignit les deux j uges de la cour impériale,Pierre
des Vignes &T h ad é e deSueife. Le pape nomma de fa
part l’évêque d’Oftie & trois autres cardinaux, Etienne,
Gilles & Otton. Les principales conditions du traité
furent, que Frideric rendroit toutes les terres qui
avoient appartenu au pape avant la rupture, ou qu’il
avoitprifes fur les alliez d e l ’églife, c’eiî-à-dire dupa-
pe. Il devoir écrire par-tout pour déclarer que ce n’é-
toit point par mépris qu’il n’avoit pas obéi à la fenten-
ce prononcée par Grégoire IX. mais parce qu’elle ne
lui avoit pas été dénoncée : en quoi toutefois ihrecon-
noiffoit avoir manque. Car je confeife , ajoûtoit-il,
que le pape, quand même il feroit pécheur, a la plénitude
de puiifance quant au fpirituel, fur tous les
Chrétiens clercs & laïques , même fur les rois. L’empereur
promettoit d’expier cette faute par des aumônes,
des jeûnes & d’autres bonnes oeuvres, & d ’exécuter
la fentence jufqu’au jour de fon abfolution.
.Quant aux prélats qui avoient été pris, il promettoit
de leur reftituer tout ce qu’on leur avoit ô t é , &
de réparer tous les torts faits aux autres : de fonder
deségliies’Sc des hôpitaux , & d’obéir en tout au pape
, fans préjudice de lapoiïèifion de l’empire & de
fes roïaumes. Il promettoit auifi de révoquer tous les
L i v r e L X X X I I . 187 r -
décrets donnez contre ceux qui avoient tenu le p a r t i . N,IZ45*
du pape, de délivrer tous lesprifonniers, Si permettre
à tous de rentrer dans leur patrie Si dans leurs biens.
En f i n , que pour les torts qu’il prétendait avoir fouf-
ferts avant la rupture, il s’en rapporteroit au jugement
du pape Sc des cardinaux. Ces articles furent jurez
publiquement à Rome le jeudi-faint trente-unième
jour de Mars 1144. parles troiscommiflaires de l’em- ?
pereur en préfence de Baudouin empereur de CP. des
cardinaux, de plufieurs prélats, des fénateurs Si du
peuple Romain : outre les étrangers venus félon, la
coutume pour la folemnicé du jour. Il eft remarquable
qu’entre les conditions de ce traité , il n’efl fait
aucune mention de réhabiliter Frideric à la dignité
impériale, dont Grégoire IX. l’avoit dépofé , ni de
faire rentrer fes fujets fous fonobéïflance ; mais feulement
de l’abfoudre des cenfures. Auifi nonobftant
cette dépofition, il n’étoit pas moins reconnu pour
empereur &c pour roi de Sicile -, non feulement par fes
fujets, mais par S. Loiiis, par Henri roi d'Angleterre
& les autres princes étrangers.
L’empereur Frideric fe repentit bien-tôt de s’être Uatth^ l § i
ainfi fournis au pape ,■& peu de jours après il refufa ¿•««•’r*»*
d’exécuter ce que fes agens avoient fi folemnellemem
promis. Le pape en donna avis au Lantgrave de T u - x>. ti. f+J.
ringe dès le dernier jour d’A v r i l , l’exhortant à demeurer
fidèle au S. fiége. Cependant l’empereur tâ-
choit de furprendre le pape, lui tendant fecretement
des pièges qui furent depuis découverts -r &c le pape
en étant averti fe tenoit fur fes gardes, &c fe défioiE
même des fiens. Pour fe mieux fortifier il créa dix
cardinaux le jour delà fainteTrinité vingt -neuvié