
i j t H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
plorerfon fecours & fon autorité contre ce mariage
auquel on vouloit l’engager contre fon gré. Or ce qui
augmentoit fa répugnance, c’eft qu’elle etoitbiena-
vertie de la vie débordée que menoit 1 empereur pendant
fon veuvage. Le pape entra dans les fentimens
de la pieufe princeife , & envoia un nonce extraordinaire
en Bohême, avec charge d’empêcher ce mariag
e , ménageant autant qu’il feroit poifible le reifen-
timent que l’empereur en pourroit concevoir. Agnes
alla trouver le roi fon frere , lui montra la bulle du
pape, & lefupplia d’appuïer faréfolution.ll enaver-
tit les ambalfadeurs qui le firent favoir à l’empereur,
8c quoi qu’il en fut d’abord ir r i té, il fe rendit 8c donna
un d é c r e t , par lequel il déchargeoit Agnes des
promeifes qu’ elle lui avoit faites par le traite de mariage.
Dans ce décret il difoit: Si elle m avoit quitte'
pour un hommemortel ; j ’en aurois tire vengeance
par les armes : mais je ne puis trouver mauvais qu elle
me préfe're l’époux celefte.
La princeife fe trouvant ainfi libre accomplit fon
pieux deifein ; 8C étant bien informée de l’inftitut
de S. François , Si de la maniéré de vivre de fainte
. . .a Claire 8c de fes filles , elle réfolut de l embraifer, par
le confeil des freres Mineurs qui étoient venus de
Maïence s’établir à Prague dès le tems du roi Primif-
las fon pere. Elle acheva de bâtir leur monaftere * 8c
en fonda un nouveau fous le nom de S. Sauveur pour
les filles de fainte Claire qui lui en envoïa cinq., il
ctoit achevé dès l’an 1zj4. comme il paroît par la let-
tai.'t- s01- tre du pape Grégoire qui approuve 8c confirme cette
fondation. Agnès avoit déjà fondé à Prague un ho-
r. j«. pital pour les malades fous le nom de S. François ,fer-
L i v r e L X X X. 133
v j par des religieux de la réglé de faint Au gu f t in, qui
portoient fur leur habit une croix avec une étoile rouge.
Enfin le jour de la Pentecôte dix huitième de M ai
1136. elle prit l ’habit folemnellement avec fept autres
filles de grande naiiTance. Elle étoit âgée de trente-
un an, & en vécut encore quarante-cinq»
On voit par les lettres que le pape lui écrivit les
deux années fuivantes, qu’elle étoit abbelfe de ce
monaftere, 8c que dès lors il portoitle nom de faint
François. Nous avons auffi quatre lettres de fainte
Claire â la bien-heureufe Agnès , où elle la félicité
fur la vocation,. 8c l’exhorte à la perfeverance , fur-
tout à l’amour de La fainte pauvreté:, auffi Agnès y
fut fifidelle qu’elle ne voulut j.amais que fon monaftere
eût des. biens immeubles ni des revenus affûtez »
quelque inftance que lui en fit le roi fon frere. Sainte
Claire l’avertit que l’ufagede ion ordre étoit de jeû ner
l ’année en viande de carême, exceptez les dimanches
8c les principales fêtes..
En Efpagne les armes des Chrétiens continuoient
de profperer. Dès le mois de Janvier de l ’année précédente
12.35. les troupes de Ferdinand roi deCaftille
furprirent de nuit un fauxbourg de Cordouë fermé
de murailles 8c détours, & Ferdinand en étant averti
vint en perfonne devant la v i l l e , 8c commença à l’af-
ueger quoiqu’avec peu de monde. Abenhout roi
Maure refident â Ecija auroit pûfecourir Cordouë :.
mais il en fut détourné par un chevalier Chrét ien,
en qui il fe fiait ; 8c qui le trompa de conce.rt avec
le roi Ferdinand. Puis comme Abenhout marchoit
au fecours de Valence attaquée par Jacques roi d’Ar-
ragon, il fut tué en trahifan par un des liens ; 8c après.
R i i j
A n. i Z36.
Albert% Stad.
to i. an.
B o l l . p . jï9»
LVIT-
Conquête dir
Cordouë *par
Ferdinand,
Chr S.Ferd.c.%.
ap. Boll. bo. i«*.
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