
A n. 1 2.39,
i oi H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tre infuffifance:toutefois nous nous acquittons de notre
charge le mieux qu’il nous eft poflible , & quand
il eft neceffaire nous ufons de la plénitude de notre
puiflance pour accorder des difpenfes aux perfonnes
diftinguées. Mais Frideric qui voudroit uiurper même
les fonctions des évêques &c leur puiflance fpi-
rituelle, a fouvent effaïé d’ébranlerla fermeté de l’églife:
en nous offrant des châteaux &c des mariages
entre fes parens les nôtres. Or fe voïant refuid,
comme il eft notoire à toute notre cour , il emploie
l ’artifice groflïer de nous imputer ce qu’il a fait lui-
même. Ceci regarde la propofition de mariage entre
la nièce du pape & le fils naturel de l’empereur. Le
pape ajoute : Dieu a permis que Frideric lui-même
découvre dans fa lettre le fonds de fes mauvais fenti-
mens : foûtenant hardiment qu’en qualité de vicaire
de J. C. nous n’avons pû l’excommunier. Il foûtient
donc quel’églifen'a pas la puiflance de lier & délier
donnée par N. S. à S. Pierre &c à fes fucceffeurs : he-
refie capitale d’où l'on peut conclure qu’il ne croit
pas mieux les autres articles de foi. Mais vous venez
de voir que Frideric dans fa lettre dit expreffemenr,
qu’il ne craint point la fentence de Grégoire, non
par mépris de l’autorité papale, mais à caufe de l’indignité
de la perfonne, & pour montrer qu’il ne re-
fufepas le jugement de l’églife, il demande la convocation
d’un concile.
Le pape ajoute : Nous avons des preuves encore
plus fortes contre fa foi. C ’çft qu’il adit, quele monde
entier avoit été trompé par trois impofteurs,Jefus-
Chrift , Moïfe & Mahomet, mettant J. C. crucifié
au-deffousdes deux autres morts dans la gloire. Il a
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de plus ofé dire qu’il n’y a que des infenfez qui
croient que Dieu créateur de tout ait pû naître
d’une Vierge : qu’un homme ne peut être conçû
que par l’union des deux fexes ; & qu’on ne doit
croire que ce qu’on peut montrer parla raifon naturelle.
On pourra prouver en tems & lieu tous ces
blasfêmes ; &c qu’il a combattu la foi en plufieurs
autres maniérés , tant par fes paroles que par fes actions.
La lettre finit en ordonnant aux évêques de la
rendre publique. Elle eft datée du premier de Juillet
12.39. & n’eftpas moins remplie d’injures que celle de
l’empereur.
Quant aublasfême touchant les trois impofteurs,
Mathieu Paris le rapporte, mais comme une calomnie
imputée à Frideric par fes ennemis, dont la réputation
nelaiffa pas d’être obfcurcie. Ilsdifoientauifi,
ajoûte-t- il, qu’il avoit proféré des blasfêmes abominables
êc incroyables touchant l’euchariftie, & qu’il
croïoit plus à la religion de Mahomet qu’à celle de
J. C- enfin le bruit fe répandit parmi le peuple qu’il
étoit depuis longtems allié aux Sarrafins & les ai-'
moit plus que les Chrétiens. Dieu fçait fi les auteurs
de ces mauvais diicours péchoient ou non. Ainfi parle
Mathieu Paris. L’auteur de la vie de Grégoire JX.
qui eft contemporain , dit en parlant de cette erreur
de Frideric : Il l’a prife par le commerce avec les
Grecs &les Arabes , qui lui promettoient la monarchie
univerfelle par la connoiffance des aftres , &
l’ont tellement infatué , qu’il fe croit un dieu fous
l’apparence d’un homme, Si dit hautement, qu’il eft
venu trois impofteurs pour féduire le genre humain.
Il ajoûte qu’il doit détruire une quatrième impofture-
A n . i 1 3 9 .
ap. Rain. ».
Matth. Tarif*
p. 4 0 8 .
ap Rain. é%$Sf*r
n. zS.