
A N. 12.60.
Sup. l iv , L X X Y I»
D u b ru e il A n t iq .
t-W'-
3uf.-n< iy.
D ub o is , ht (t. to.
%. p. 4 4 1 .
D u b r e u il.p .ffo .
LXIV.
A l b e r t l e g r a n d
é v ê q u e d e R a t i l -
{ j o n a ç .
6 3 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
notre affemblee generale , convoquée exprès par
trois fo is , favoir le vingtième de Janvier , le dix-
neuf 8c le vingt unième, de Février 12. tp. c’e f tà -
dire 1 2 . 60. avant Pâques.
Il eft ici parlé de deux nouveaux ordrb religieux
mandiansqui venoienr de s’établir à Paris, les Carmes
& les Atfguftinr. Les Carmes étoient les her-
mites dont j’ai parlé , établis fur le mont Carmel
avant la fin du douzième fie c le , aufquels Albert
patriarche de Jcrufalem donna enfuire une réglé.
S. Louis en arrima quelques-uns avec lui à fon retour
de la terre fai n te, & les établità Paris, comme
il fe void par une lettre du roi Charles le Bel fon
arriéré petit-fils , de l’an 1 3 1 1 . Ils demeuroient au
commencement fur le bord de la riviere de Seine
à la même place où font à prefent les Celeftins.
Les Auguftins étoient ces hermites que le pape
Alexandre IV . avoit réünis en une même congrégation
fous le général Lanfranc en 1246. Ils étoient
établis à Paris dès le mois de Décembre izjs>- &
leur maifon étoit dans la rue Montmartre alors
hors de la v ille , près celle que l’on nomme encore
à caufe d’eux , la rue des vieux Auguftins.
Albert doifteurfameux de l’ordre des freres Prêcheurs,
enfeignoit encore la théologie à Cologne ,
quand le pape Alexandre le choifit pour remplir le
fiege.deRatiibonne, vacant parla ceffionde l ’évê-
que. Les motifs du pape furent la vertu 8c la doctrine
d’A lb e r t, qui le firent juger propre à rétablir
cette églife tombée en grand défordre pour le fpiri-
tuel 8c pour le temporel. C'eft pourquoi il ordonna
à Albert d’en prendre la conduite, comme il paroît
L i v r e q u a t r e -v i n g t -q u a t r i e ’m e . 6 3 ;
par fa bulle dattée d’Anagni le cinquième de Jan______
vier 12.60. Mais Humbert de Romans général de A n . i
l ’ordre des freres Prêcheurs aïant apptis cette nou- ExsMi.
velle par des lettres de la cour de Rome, en fut 3*c-Ech*’
fenfiblement affligé ; 8c en écrivit ainfi à Albert.
On dit que vous êtes deftiné à un évêché : quand
on le pourrait croire du côté de la cour, qui ferait
celui qui vous connoiffant, trouveraitcroïableque
l ’on vous y fie confentir?qui,dis-je,pourrait croire
qu’à là fin de votre vie vous voulufliez mettre cette-
tache à votre g lo ire , 8c à celle de l’Ordre que vous
avez tellement augmentée ? Je yous prie, mon cher
frere, qui fera celui, non feulement des nôtres, mais
de toutes les religions pauvres, quirefifteraàla tentation
de paifer aux dignitez, fi vous y fu'ccombez- ;
votre exemple ne fervira-t’il pas plutôt d’exeufe ?Ne
foïez pas touché, je vous en conjure, des confeils ou
des prières de nos feigneurs de la cour de Rome ;
ces fortes d’affaires fe tournent bien-tôt en raillerie
8c en dérifion. Nefoïezpas découragé par quelques
défagrémens de l’o rdre, qui aime 8c honore en
général tous les freres, 8c fe glorifie particulièrement
de vous en N . S. Quand ces peines feraient
plus grandes qu’elles n’ont jamais é té , un homme
de votre force les devrait porter gaiement. Ne
foïez point frappé de l ’ordre du pape , qui en ces
matières tft regardé comme étant plutôt dans les
paroles que dans la penfée ; & on ne void point
que l ’on ait contraint ceux qui on,t effeéHvement
voulu refifter.Cette défobéiffancefainte&paffagere
augmente la réputation loin de luinüire. Confide-
rez ce qui eft arrivé à ceux qui fe font laiffé traînei;