
4 6 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
| La nouvelle en étant venue en Paleftinc, le Ié-
A n . HJ3- g a t £u de de Château-roux qui la reçut le premier
prir avcc iui Gilles archevêque de T y r garde du
fceau du roi 8c Geofroi de Beaulieu fon confeiTeur
de l’ordie des freres Prêcheurs. Le légat dit au
r o i , qu’il vouloir lui parler en fecret dans fa chamb
re , en prefence des deux autres ; 8c le roi comprit
à fon vifage férieux qu’il lui apportoit quelque trifte
nouvelle. Il les fit paifer de fa chambre dans fa
chapelle, où il s’affit devant l’autel 8c eux avec lui.
Alors le légat reprefenta au roi les grâces que Dieu
lui avoir faites depuis fon enfance, entr’autres de lui
avoir donné une mere qui l’a voit élevé fi chrétiennement;
8c fi fagement gouverné fon roïaume. Enfin
, il ajoûta, qu’elle étoit m orte, ne pouvant plus
retenir fes fanglots 8c fes pleurs ; & le roi jetta un
grand c r i , puis fondant en larmes, il s’agenouilla
devant l’autel, 8c joignant les mains, il dit avec uns
fenfible dévotion ; Je vous rends grâces, feigneur
de m’avoir prêté une fi bonne mere, vous l’a vez
retirée quand il vous a plu. Il eft vrai que je l’ai-
mois plus qu’aucune créature mortelle, comme
elle le meritoit bien : mais puifque c’eft votre bon
plaifir , votre nom foit beni à jamais. Enfuite le
légat aïant fait une courte priere pour la défunte,
le roi dit qu’il vouloit demeurer feul dans fa chapelle
, 8c retint feulement fon confeiTeur , qui lui
reprefenta modeftement qu’il avoir aflez donné à
la nature , 8c qu’il étoit temps d ecouter la raifon
éclairée par la grâce. A uffi-tôt le roi fe leva &
paifa dans fon oratoire , où il avoit accoutume
de dire fes heures: là il recita avec fon confeiTeur
L i v r e q u a t r e - v i n g t - t r o i s i e ’m e . 4 6 5
tout l’office des morts, c’eft à-dire, les vêpres & A n . i i j j .
les vigiles à neuf leçons ; 8c le confeiTeur admira
que nonobftant la douleur dont il étoit pénétré ,
il ne fit pas la moindre faute en recitant un fi long
office. Il fit dire pour la reine fa mere une infinité
de méfiés 8c de prières dans les maifons religieufes,
8c il entendoit tous les jours une meffe particulière
à fon intention. Il garda la chambre deux jours j o in v . p. xm l
fans parler à perfonne, 8c demeura à Jaffe jufquesa
la fin du mois de Juin. Outre les fervices q u il fie
faire en Paleftine pour fa mere , il envoïa en France
la charge d’un cheval de pierreries pour diftri-
buer aux églifes, demandant des prières pour elle
8c pour lui.
Six mois avant la mort de cette princefie, le pa- R*in- »• m
pe Innocent écrivit aux évêques, aux ab b e z , & a
tous les ecclefiaftiques du roïaume, pour abolir
une eoûtume très-ancienne, mais barbare ; d obliger
les ecclefiaftiques à prouver par le duel le droit
qu’ils avoient fur les ferfs des églifes, quand ils
vouloient reconnoître d autres feigneurs : autrement
les ecclefiaftiques n’étoient point reçûs à
prouver leur droit fur ces fe r fs , quoiqrl ils puflent
le faire par témoins ou par d’autres voies légitimés.
Le pape défend d’en ufer ainfi a 1 avenir : puifque
le duel n’eft permis aux clercs, ni par eux-memes,
ni par d’autres ; 8c il déclare nuls les jugemens rendus
contr’eux fur ce fujet. La bulle eft du vingt-
troifiéme de Juillet 1152..
Le lésât Eude de Château-roux avoit écrit au x x x y r u .
o « Monnoie des
pape quelque temps auparavant que les Chrétiens chiliens <ro-
qui faifoient battre monnoïe a Acre &c a Tripoli Kttinald. n.
p P p ij