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Sup. liv . L X X X I I .
n . 48.
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Saint Louis en
Chipre.
'Rain.- an. I247.
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G eft a Dttchéfne.
M
S n p .liv .l.iX V l i r .
fS. 2),
430 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
porter fur leurs habits comme aïant abjuré l’hé-
refie , feront jugez comme hérétiques. Nous avons
appris, dit le concile, que quelques excommuniez
font des ftatuts ou des ordonnances contre ceux
qui les excommunient ou qui dénoncent les excommunications
; ce qui eft prefque hérétique,
étant fait au mépris des clefs de l’eglife. C ’eft pourquoi
nous ordonnons que ceux qui auront fait de
tels ftatuts. foient excommuniez pour cela même ,
Si que Ton ceiTe l’office divin par tout où ils fe
trouveront. Mais pouvait-on efperer que la fécondé
cenfure feroit plus refpeCtée que la première ?
Ce concile défend auifi les conjurations & les con-
frairies, ce qui femble regarder la ligue faite Tannée
précédente par les barons de France contre le
clergé.
Cependant le roi faint Louis arrivant dans l’iûe
de Chipre y fut reçû par Henri de Lufignan roi
du païs, auquel le pape Innocent avoir auifi donné
le roïaume de Jerufalem , le regardant comme v a cant
par la condamnation de Frideric & de«Conrad
fon fils. Louis par le confeil de fes barons & de ceux
du roïaume de Chipre , réfolut de paifer l’hiver
dans cette iile , ne pouvant aiTez à temps aller en
Egypte, parce que fes vaiffeaux & fes galeres, fes
atbaleftriers &c le refte de fes gens n’étaient pas encore
arrivez. Or il avoit réfolu de porter la guerre
en Egypte, pour attaquer dans fon païs le fulcan
qui étoit maître de la terre fainte, comme on avoit
fait trente ans auparavant. Le jo i de Chipre avec
prefque toute Ta.nobLeiTe Sc les prélats de ce roiau-
me fe croiférent s & le terme du départ pour tou-
L i v r e q u a t r e - v i n g t - t r o i s i e ’me. 431
te l’armée fut fixé à Pâque de Tannée fuivante. Pendant
le féjour en Chipre le roi termina plufieurs
differens entre les feigneurs croifez, qu’il étoit toû-
jours difficile de contenir étant indéperidans les uns
des autres, Sc peu foûmis à leurs fouverains. L’archevêque
Latin de Nicofie capitale de l’iile avoir un
différend avec les- gentilshommes du païs pour lequel
ils croient prefque tous excommuniez : le légat
Eude de Château - roux fe rendit médiateur entre
les parties, les accommoda Si fit abfoudre les gentilshommes.
L’archevêque Grec étoit-banni de Tille
depuis long-rems comme fchifinatique & défobéïf-
fanc à T archevêque Latin ; mais il revint alors Sc fe
foûmit avec les autres Grecs qui avoient été excommuniez.
Le légat leur donna l’abfolution, Sc ils abjurèrent
devant lui quelques erreurs.
Il y avoit en Chipre des Sarrafins captifs, dont
plufieurs demandoient inftamment le baptême ,
quoiqu’on les avertît expreffément qu’ils n’obtien-
droient pas pour cela leur liberté. Le légat en cate-
chifa cinquante-fept, c’eft-à-dire les fit catccume-
nes le jour de l’Epiphanie fixiéme de Janvier 1245?.
& après en avoir baptifé trente de fa main, il alla
a la proceifion des Grecs fur un certain.fleuve-, où
én prefence du roi de France Sc du roi de Chipre,
ils reconnurent qu’il n’y avoit qu’un Dieu, une foi
Sc un baptême, Si qu’ils faifoient cfette cérémonie
en mémoire de ce qu’à pareil jour Nôtre Seigneur
fut baptifé par faint Jean dans le Jourdain. Ils trempèrent
la croix dans l’eau en difant : Le pere eft lumière,
le Fils lumière, lé S. Efprit lumière. Ils fi