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17 . 'Juillet»
318 H- i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
que par fes nonces d’autres fecours, qui lui o'nt été libéralement
accordez. Vous n’ignorez pas aufli que
nos ancêtres ont fondé des monafteres qu’ils ont richement
dotez; & leur ont même donne le patronage
de quelques églifes paroiffiales. Mais vos predecei-
feurs voulant enrichir les Icâliens dont le nombre eft
devenu excef fif, leur ont donnéces cures , dont ils ne
prennent aucun foin, ni pour la conduite des ames,
ni pour la défenfe des monafteres dont elles dépendent.
ils ne s’acquittent ni de l’hofpitalité, ni des aumônes
, ne fongent qu’à prendre les reventes & les emporter
hors duroïaume, au préjudice de nosfreres 8c
de nos parens, qui devraient poffeder ces bénéfices Sc
les defferviroient en perfonne. Or pour dire la vérité
ces Italiens tirent de l’Angleterre tous les ans plus de
foixante mille marcs d’a rgent , qui eft plus qu’il n’en
revient au roi même.
N o u s efpérions à votre promotion que vous reformeriez
cet abus, mais au contraire nos charges font
augmentées. Le do&eur Martin eft entré depuis'peu
dans leroïaume fans la permiifion du r oi , avec plus
de pouvoir que n'en eut jamais aucun l é g a t , quoiqu’il
n’en prenne point le titre, il a conféré à des Italiens
des bénéfices vacans de plus de trente marcs de
revenu ; & à leur mort il en a fubftitué d’autres à l’in-
fçû des patrons, qui fe trouvent ainfi fruftrez de leurs
nominations. Il veut encore difpofer d’autres bénéfices
femblables, enlesrefervant à la collation du faint
fiége quand ils viendront à vaquer : il extorque des
religieux des taxes exceifives, 8c jette des excommunications
Sc des interdits fuf ceux qui s’oppofent à fes
entreprifes. Nous ne pouvons croire qu’il agiffe ainfi
par
par votre ordre, & nous vous prions d’y remedier ---------
promptement, autrement nous ne pourrions fouffrir A n . 11
pluslong-tems de telles vexations. Après laleéture de «7- 3aHlet-
cette lettre on garda un grand filence ; 8c le pape, quel- 66s-
que inftance que fiiTent leSienvoïez d’Angleterre , ne
répondit autre chofe, finon qu’une affaire de cette
importance demandoit une meure délibération.
Alors Thadée de Sueffe vit bien que le pape alloit xxix.
^ _ 1 > r a r l f t Sentencecont prononcer contre I empereur ion maître. Il le leva Frideric.
donc & demanda l ’au torifation de plufieurs privilèges; i4°-
puis il déclara que fi le pape vouloit procéder contre
l’empereur, ilenappelloit au pape futur Sc à un concile
général. Le pape lui répondit doucement : Ce concile
eft général, puifque tous les princes y ont été invitez
tant feculiers qu’ecclefiaftiques ; mais l’empereuc
n’a pas permis à ceux qui font fous fon obéiffance de
s’y trouver; c’eft pourquoi je n’admets point vorre appel.
Puis il commença à raconter combien avant que
d'être pape il avoir aimé Frideric, &c combien il avoit
eu d’indulgence pour l u i , même depuis la convocation
du concile , en parlant toûjours de lui avec honneur
; en forte que quelques-uns a voient peine à croire
qu’on dût porter quelque jugement contre lui. En-
fuite le pape prononça de vive voixlafentence de dé-
pofition contre Frideric , & la fit de plus lire dans le
concile ; elle contenoit en fubftance ce qui fuit :
Le pape Innocent y rapportoit d’abord les démar- lbid. aà
ches qu’il avoit faites dés le commencement de fon
pontificat, pour traiter de la paix avec Frideric par^1**'-
Pierre de Colmieu, Guillaume de Modene <5c l’abbé
de S. Fagon ; 8c les promeffes de l’empereur jurées en
fon nom le jeudi-faint de l ’année précédente 1 14 4 .
Tome X V I I . T t