
"7 | Cette année 1247 . l ’ordre des freres Mineurs cham
A n . 1 14 7 . gea de miniftre général. Dès le dixième jour de Mai
■ î lP P f i le pape Innoccnt manda a tous ceux qui devoient
mL'cu«“ fr“ es aiïî fter au chapitre général, que par l’affcftion qu'il
leur p o r to it, il jugeoit à propos qu’il fe tînt en fa
vxJmS.in 7.a. prefence ; & il marqua pour cet effet le treizième de
Boll. 19. M t r t. J u ille t , leur ordonnant de fe rendre auprès de lui ce
K>.s.p.ss. jour-la quelque part qu’il fûc. Le pape fe trouva
à A v ig n o n , & le chapitre s’y tint. Frere Crefcentio
fixiéme gênerai de l’ordre n’y vint point ; il fe contenta
d’y envoi'er comme il avoir fait au concile de
Lion fon vicaire, frere Bonaventure d’Iefi, par lequel
il demanda d’être déchargé du generalat, attendu
fon âge & fon infuffifance, particulièrement fon
peu de talent pour parler. Il y avoir auffi des plaintes
contre lui : on l’accufoit de négligence, de donner
mauvais ex em p le , de fouffrir & même d’introduire
le relâchement. Sa démiffion fut donc acceptée
, & il paffa le refte de fes jours dans l’humilité de
fa vocation.
O n élut à fa place frere Jean de Parme, de la province
de Boulogne, qui regentoit alors la théologie
à Paris. C ’étoit un homme d’une grande v e r tu , &
d ’un grand zele pour la régularité de la difeipline ;
il fut élu tout d’une v o i x , & devint ainfi le fep-
tiéme général de l’ordre. Son éle&ion y rétablit la
paix , & caufa une fi grande jo ïe , qu’on difoit que
ï’efprit de faint François y étoit revenu. C ’étoit principalement
les premiers difciples du faint qui par-
loient ainfi ; car quelques-uns vivoient encore, entre
autres Gilles d’A f f if e , qui lorfqu’il falua la première
L iv r e q u a t r e -v in g t -d ë u x ie ’m e . 403
fois le nouveau général, lui dit : Vous êtes le bien- — -----------
venu mon pere, mais vous êtes venu bien tard, mon- A n . 1 14 7 .
trant qu’il leroit difficile de remedier au relâchement
qui s’étoit déjà introduit.
Jean de Parme étant entré en charge commença
par rétablir la paix. Il écrivit des lettres de confola-
tion aux freres vertueux & zelateurss de la ré g lé , qui
avoient été exilez par fon prédeceffeur, & les rapella
chacun dans fa province. Il obtint du pape une bulle vadhg. neg. p.
dattée de Lion le treizième d’Août 1247 . portant ,0+ B »•
qu’aucun lé g a t , finon à lateré, ni aucun p ré la t, fous
prétexte de lettres du pape, ne pourrait prendre auprès
de lui aucun frere Mineur, pour travailler à fes
affairesgu à celle de fon églife , finon ceux qui leur
feroient donnez par le général ou le provincial ; &
qu’ils demeureroient foûmis à la difeipline de l’ordre.
I l fit auffi ^évoquer la permiffion que le pape avoit p,ioj.c.i7.
donnée à quelques freres envoïez aux nations étrangères
, de recevoir ceux qui voudroient entrer dans
l’ordre , d’établir de nouvelles provinces & leur d on ner
des fuperieurs, montrant au pape combien cette
conceffion étoit préjudiciable à l’ordre,
Pendant les trois premières années de fon generalat
, il vifita tout l’ordre, marchant à pied avec un
feul compagnon ou deux tout au plus. Il ne portoit
qu’une tun ique, & fon extérieur étoit fi h um b le ,
qu’en plufieurs convents, il demeuroit quelques jours
fans être connu ; enforte qu’il avoit toute liberté d'examiner
la conduite des freres, les voïant en leur natur
e l, fans qu’ils fe défiaffent de lui ; car il prenoit
foin qu’ils ne fuiTent point avertis de fa venue. A la