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30S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
avec les deux fuhansqui ont été nommez, & le quatrième
jour d’Oôtobre notre armée femit en marche
firès d’A c r e , 8t s’avança iuivant la côte par Cefarée 8c
es places maritimes. Les Corefmiens campèrent devant
Gazare, attendant le iecours que devoit leur envoyer
le iultan deBabylone. Quand ils l’eurent reçu
nous étant approchez nous donnâmes la Bataille la
veille de la faint Luc , c’eft-à-dire, le lundi dix-fep-
tiéme d’Oélobre. Les Sarrafins qui étoient avec nous
furent battus & prirent la fuite, 8c nos gens demeurez
feuls contre les Corefmiens, 8c les Babyloniens fe
trouvèrent en fi petit nombre, que nonobilant leurs
efforts ils fuccomberent. Des trois ordres militaires
il ne fe fauva que trente-trois Templiers , vingt-fix
Hofpitaliers 8c trois chevaliers Teutoniques : La plupart
des feigneurs 8c des chevaliers du pais furent
tuez ou pris.
Nous avons prié le roi de Chipre 8c le prince d’An-
tioche d’envoïer des troupes pour la défenfe de la terre
fainte en cette extrémité: mais nous ne fçavonsce
qu’ils feront. Cependant quelque grande que foit nôtre
affliéfion pour le paifé ,. nous craignons encore
plus pour l’avenir. Car le païs que les Chrétiens
avoient conquis fe trouve deflitué de tout fecours
humain ; 8c les infidèles font campiez dans la plaine
d’A cre àrdeux milles de la ville, ils courent librement
par tout le païs jufqu’àNazarech 8eSaphet,5ereçoivenc
des païfans 8c des autres habitans les contributions
que les Chrétiens en tiroient: Car tous ces habitans
fe font révoltez contre nous pour s’attacher aux Co-
refmiens.Eniorte qu’il ne relie auxChrétiens que quelques
fortereifes, qu’ils ont grande peine à défendre.
La conclufion de la lettre efl que la terre fainte eit N' I2'4îperdue,
fi elle ne reçoit du fecours au paffage du mois
de Mars prochain. Les porteurs de cette lettre furent
Galeran évêque de Beryte 8c Arnould de l’ordre des
freres Prêcheurs > qui s’embarquerent le premier dimanche
de l’Avent vingt - feptiéme de Novembre
1144. nonobilant la rigueur de laiaifon-j 8c après fix
mois d’une navigation très-perilleufe arrivèrent à V e -
nife vers l’Afcenfion , qui cette année 1145. étoh
douzième de Mai.-
L’empereur Frideric reçût plutôt la nouvelle de B H H
t.-I i rruptiHon deHs CorHelmieHns , cIom me i-il paroit par dj eux M Ê Ê “p‘
lettres qu’il écrivit fur ce fujet. Dans la première
adreifée à tous les princes du monde , il dit en avoir
re çûl ’avis de lapart du patriarche d’Ant ioche , après
en avoir oüi déj à quelque bruit 8c il ne parle en cette
lettre que de la venue des Corefmiens , de la fuite des
Chrétiens en Jeruialem , du carnage qui en fut f a i t ,.
8c de la profanation des lieux faints. Il témoigne ê-
tredans l’impatience d’apprendre le fuccés de la jon c tion
des Chrétiens avec les fultans de Damas 8c de
Carac : mais ilfe plaint de çe qu’on a rompu la trêve
que le comte de Cornoiiaille avoir fait avec le fultart
d’Egypte; 8c que la guerre d’Italie 8c fes différends,
avec les papes l ’ont empêché de fecourir la terre-
fai nte oomme il le défiroit.
La fécondé lettre de l’empereur efl adreifée au
comte de Cornoiiaille fon beau - frere , 8c dattéede
Fogialevingt-fixiéme de Février indi¿lion troifiéme,
c’efl-à-dire,l’an 114 5. Il y déplore la malheureufe journée
du dix-feptiéme d’Oètobre , 8c en rejette la faute
fur le patriarche de Jerufalem, qui voulantavoir feuh
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