
4 j 8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
»............—i— pas quel avantage fpirituel revenoic de cette érec-
A n . 1151- tion d’évêchez.
x x x v . Cependant Pierre de Verone inquifiteur à M i-
Pierre de Verone.' lan eombattoit fortement les hérétiques. Iileür of-
nt- «p. Bill. u. froit fouveht de fe jetter dans un feu pour preuve
v"i ' de la foi Catholique', s’ils■ voulofent .y entrer avec
lui : Il difoit qu’il ne mourrait jamais que de leur
main, & a Aurait qu’il ferait enterré à Milan. Sa
priere ordinaire à l’élévation deil’hoftie étoit de ne
mourir que pour la foi. Le dimanche des rameaux:
¿gfli vingt-quatrième de Mars n ; i . prêchant à Milan
devant près de dix mille perfonnes, il dit à haute
vo ix : Je fai certainement que les hérétiques ont
concerté ma mort & qu’ils ont mis de l’argent eh
dépôt pour cet effet. Mais qu’ils faffent ce qu’ils
v o u d ro n t, je ferai plus contre eux après ma mort
que je n’ai fait de mon vivant. Enfuite il s’en rc-
tourna à Corne où il étoit prieur.
Les conjurez étoient Etienne Gonfalonicr d’A-
liate, Mainfroi, Clitoro de Giuifano, petite ville
entre Milan & C om e , Guidot Sacchella & Jacques
de Clufe : le prix convenu pour païer les affaffins
étoit de quarante livres monnoïe de Milan, qui fu rent
dépofées entre les mains deThomas de Giuifano.
Ils prirent pour exécuteur Pierre Balfamo furnom-
mé Carin, & celui-ci choifit pour compagnon A u -
bertin Porro furnommé Mignifo. Ils laifTerent paf-
fer les fêtes de Pâques ; & Carin demeura trois
jours à C om e , où s’allant informer tous les jours
au convent des freres Prêcheurs quand Pierre devoir
en partir pour aller à Milan, il apprit qu’il étoit
parti avant le jour le famedi dans l ’o&ave de Pâf.
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Worto.p. ié 3.
L i v r e Q U A t r e - v i n g t - t r o i s i e ’m e . 4 ^
ques fixiéme d’A vr il. Carin pria Mainfroi de lui
prêter fon cheval, pour joindre plus aifément frere
Pierre qui étoit à pied : mais Mainfroi le refufa ,
de peur que ce ne fut un indice contre lui.Carin fe
mit donc à courir à pied pour ne pas perdre une il
belle occafion -, & il n’eut pas de peine à atteindre
le religieux , qui^marchoit fort lentement, étant
affobli par une fièvre quarte qu’il avoir eue lonov.
temps.
Il le joignit 4U milieu du chemin près un lieu
nommé Barlafine dans un bois épais, où Auber-
tin fon compagnon l ’attendoit. Carin frappa le
faint homme fur la tête avec une ferpe,qui lui o u i
vrit le crâne d’une plaie large & profonde : fans
qu’il fe détournât, ni qu’il fit aucun effort pour
éviter le coup. Il fe recommandoit à Dieu & pro-
nonçoit le fym b o le , pour la défenfe duquel il
donnoit fa vie. Cependant frere D ominique compagnon
du faint homme faifoit de grands cris, &
appelloit au fecours : mais le meurtrier fe jetta fur
lui & lui fit quatre bleffures dont il mourut quelques
jours après. Puis voïant que frere Pierre pal-
pitoir encore, il prit un coûteau dont il lui perça
le côté & l’acheva ainfi. Son corps fut porté d’abord
à l’abbaïe de S. Simplicien au fauxbourg de
M ila n , & le lendemain il fut enterré folemnelle-
mént dans la ville à S. Euftorge qui étoit l ’églife
des freres Prêcheurs.
Peu de temps après le meurtrier Carin fut arrêté
fur quelque indice ôc mis dans la prifon du podefta
de Milan nommé Pierre Lavocat : mais fes officiers
gagnez par argent le laifTerent évader au bout dç