
A n . 12,45.
X X X V -
Encrevue du pape
& da roi ì Clugni
Chr. Se non- c . 9 .
io. j . Spie il, pug.
5 6 7 .
Matti?. Parif. p,
59 S.
Bibl, Clun* p*
1666.
340 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q , u f i .
de France, remettre entre fes mains notre différend
avec le pape , étant prêt de donner à Téglife telle fa -
tisfaéhon qu’il jugera convenable par le confeil de fa
nobleife. Le relie de la lettre contient les offres que
Tempereur fait au roi defon fecours, pour l’execution
de la croifadè , quand même fon accommodement
avec le pape ne réüifiroit pas. Elle eftadreflee à tous
les François, & dattéede Cremone le vingt-deuxième
de Septembre 1x43. la quatrième indiétionétant commencée.
S. Louis, qui n’approuvoit point la dépofition de
Frideriç, entreprit de faire fa paix avec le pape ; &c
l’on crut que c’étoit le principal fujet de leur conférence.
Car le roi pria le pape de venir à C lu g n i, rie
voulant pas qu’il entrât plus avant en France ; le pape
s’y rendit à la mi-Novembre, & le roi quinze jours
après. Le jour de S. André le pape célébra la mefle au
grand autel de la grande églife de Clu gn i accompagné
de douze cardinaux, de deux patriarches Latins
d’Antioclie & de C . F. de trois archevêques, Reims ,
Lion & Befançon, de quinze évêques & de plu fleurs
abbez tant noirs que blancs. Quant aux princes fecu-
liers,S. Louis étoit accompagné de la reine Blanche fa
mere avec Ifabelle fa foeur Sc de fes trois freres, Robert
comte d’Artois, A lfonfe de Poitiers, & Charles d’A n jou.
Là fe trouvèrentaulfi BaudoüinempereurdeC. P.
l’infant d’Arragon & l’infant de Caftille , le duc de
Bourgogne, le comte de Ponthieu &c plufieurs autres
feigneurs. Ils logèrent la plupart dans l ’enceinte du
rnonaftere, fans que les moines en receuifent aucune
incommodité, tant il contenoit de bâtimens.
Les conférences entre le pape Innocent & le roi
L i v r e q u a t r -v i n g t - d e u x i e ’m e . 341
S. Loiiis furent très-fecretes, & tout fe paffa entr’eux -
deux & la reine Blanche ; mais perfonne ne doutoit A N- J14J>
qu’ils ne traitaifent de la paix entre le pape & l’empe- *■*".
reur. Car le roi aïant refolu d aller a la croiiade , les
troupes fans cette paix ne pouvoient palier en sûreté,
ni par mer, ni par leste-rres de l’empereur ; Se quand
le pa{Tage eût été libre, il n’étoit pas à propos d’aller
faire la guerre dans la terre fainte, laidant dans la
Chrétienté une divifion fi dangereufe. On crut aulfi
qu’ils avoient traité delà paix entre la France & T A n gleterre,
'ou du moins de la prolongation de la trêve,
afin que S. Louis fit fon voïage plus sûrement ; & il
prit jour avec-le pape pour une autre conférence à la
quinzaine de Pâque , ou 1 on efperoit que Frideric fe
trouveroit.
A van t que le pape retournât à L io n , Tabbede C lu -
gni obtint de lui la permiflion de lever une decimc fur
tout Tordre pendant une anriee pour fe dédommager,
tant des grands prefens qu’il lui avoir faits a fon arrivée
à L io n , que de Thofpitalité qu’il lui avoir donnée pendant
près d’un mois, le défraïant magnifiquement lui
Si toute fa fuite. Mais il devoit revenir au pape trois
mille marcs d’argent de cette decime.- ^
Le roi S. Louis revint à Paris vers Noël. Or c’étoit Mo* -r
l’ufa^e que les princes donnoient à leursloificiers.aux
grandes fêtes des habits que Ion appelloit les,Robes
neuves. Le roi fit faire des chapes, c e to it les manteaux
du temps, en plus grand nombre qu a 1 ordinaire,
d’un drap très-fin, &c fourrées de vair ; mais il fit coudre
pendant la nuit fur les épaules des croix d une broderie
délicate d’rir &i de foie , & ordonna que les- gentilshommes
revêtus de ces chapes vinffent a la nxefle
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