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dont ilsavoient méprifé les avis. Toutefois après les.
avoir pris , il vouloir renvoïer les prélats & les autres
perfonnes défarmées, quand l’évêque de Paleilrine 8c
quelques autres eurent l’infolence de le menacer &
de l’excommunier en face étant fcsprifonniers. Le pape
reprit : Si votre maître ne fe fût pas défié delà bonté
de fa caufe, il auroit préfumé que le concile compo-
fé d’un fi grand nombre de gens de bien l’auroit ab-
fous plutôt que de le condamner ; mais on voit par fa
conduite quel étoit le reproche de fa confidence. Tha-
dée reprit î Comment pouvoit-il efperer que ce concile
lui fût favorable , où il voïoit iès ennemis mêlez,
avec les autres , & où devoir préfider le pape Grégoire
fon ennemi capital, quand il voïoit qu’ils le mena-
çoient même dans fesfers.'■ Le papeajoûta: Si un de
fes prifonniers s’étoit rendu indigne de grâce, pourquoi
a-til traité de même les innocens ï il n’y a que
trop de raifon de Le dépoièr honteufement.-
En cette fécondé feffion Thadéepriainf tamment le
concile de proroger la troifiéme, parce qu’il attendoit
l ’empereur, & qu’il avoit des nouvelles certainesqu’il
s’étoit mis en chemin pour venir au concile. Les envolez
du roi de France & d u roid’Angletereinfiftef.
ca. rentauffifur cet article, principalement les Anglois ,
qui prenoient plus d’intérêt à la gloire de L’empereur
comme beau-frere de leur roi. Enfin le délai fut accordé
de douze jours jufques au lundi d’après la huitaine
de la fécondé feilion , c’éft-à-dire, jufques au dix-
feptiéme de Juillet. Ce qui déplut fort àplufieurs prélats
qui féjournoient à Lion à grands frais, particulièrement
auxTempliers &aux Hofpitaliers qui avoient
envoïé des gens armez pour la garde du pape&ducom
cile &i la fureté de la ville. L’empereur vint cependant
à Verone avec fon fils Conrad & quelques ieigneurs
Allemans, & y tint une diete où fe trouvèrent les fiei-
c m e u r s Lombards de fon parti : puis feignant de voul
o i r aller au concile il s’avança jufques àTur in. Mais
quand il eut appris ce qui s’étoit paifé à Lion , il dit
avec beaucoup de chagrin : Je vois plus clair que le jour
que le pape fait tous Tes efforts pour mejdeshonnorer.
C’eft le défir de la vengeance qui l’anime, parce que
j’ai fait prendre fur mer des pirates Génois fes paren-s
anciens ennemis de L’empire avec les prélats qu’ils-
conduifoient. C e n ’efl que pour ce fujet qu’il a convoqué
le concile; mais il ne convient pas à un empereur
de fe ioûmet-tré au jugement d’une telle affem-
blée, principalement fachant qu’elle Lui eft contraire.
Or quand on fçûtà Lion que Frideric ne vouloir
ni venir au conc i le,ni envoïer-des feigneurs avec un
pouvoir fuffifant,. plufieurs de ceux qui l’avoient fa-
vorifé jufques-là l'abandonnèrent.
La troifiéme feffion du concile fe tint au jour marqué
Lundi dix-feptié^me de Juillet. Le pape y ordonna
avec L'approbation du concile que déformais on
celebreroit l’oèbave de la Nat ivité delà fàinte Vier ge
: puis il fit lire dix-fept articles de reglemens, dont
1 la plupart regardent la procédure judiciaire : les quatre
derniers font fur des matières plus importantes.Le
détail de ces premiers reglemens feroit ennuïeux à
rapporter,principalement pour les leèteurs qui ne font
pas inffruits des formalitez de juftice; mais on y voit
l’efprit de chicane qui regnoit alors- entre les ecde-
fiafliques, occupez pour la plûpart à pourfuivre ou à-
iuger des procez &c c’eft ce qui obligeoit les conciles;
r ^ S f i i j ,
An. i 145*
Mem• Paadan.
an, 2.2.45«
Conc*p, 661 .&<r
xxvii;-
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17. ‘Juillet
f. 6\9, £«-
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