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An. i 1.39. François étoient réduits dans C. P. s’efforçoit de tour-
crii&d* ner * !eur fecours toutcs !es f ° rccs ùes croifez : non
n Terrc-fainte feulement de ceux quiavoient pris la croix pour y aller
avec l’empereur Baudouin , mais encore de ceux
qui s’étoient croifez pour aller droit en Syrie, 8c qui
étoient les plus confiderables. A leur tete etoit Thi-
baud VI. comte de Champagne devenu roi de Navarre
par le décès de Sanche le fort fon oncle maternel.
Il était fils poftume deThibaud V. qui s étant croifé
aux prédications de Foulques de Neüilli mourut en
v' ! tQ f. lorfqu’ïl fe préparoit au voïage. Ainfi Thibaud
VI étoit âgé de trente trois ans quand il fut couron-
Æ t H t né roi le fécond dimanche après Pâques feptiéme jour
de Mai 1x34. 8c l’année fuivante il le croifa pour accomplir
le voeu de fon pcre. Avec lui fe croiferenc
Pierre de Dreux duc de Bretagne furnommé Mau-
clerc , Hugues IV. duc de Bourgogne,.! un 8c 1 autre
de la maifon de France, Henri comte de Bar , Amau-
ri comte de Monfort, le comte de Vendôme 8c plufieurs
autres nobles François.
Comme ils virent que le pape retardoit leur voïage
8c détournoit une partie des legs pieux 8c des autres
aumônes deftinees aufecours de la Terre-fainte,.
qu’il avoit ordonné de leur remettre entre les mains r.
us lui écrivirent pour lui témoigner leur etonne-
ment 8c leurs embarras. Le pape leur répondit : Vous
ne devez point douter que nous n aïons principale,
ment àcoeur l’affaire de la Terre-fainte, mais voïant
**” "* la ruine prochaine dont eft menacé l’empire de Ro-
manie , nous fommes obligez de travailler foigneu-
fement à le fecourir, puifque le foûtien de la Terre-
fainte en dépend entièrement. C ’eû pourquoi apies
L i v r e L X X X I, m ^ '
en avoir délibéré avec nos freres les cardinaux, nous ’ , 2 ?
avons réfolu d’envoïer à l'empire de Romanie le fe-,
cours deftiné à. la Terre-fainte. Ce qui ne doit point
vous troubler , au contraire nous vous exhortons à
vous tenir prêts pour le paffage que nous dénonçons
pour la S. Jean prochaine. La lettre eft adreffée aux
feigneurs que j ’ai nommez, excepté le duc deBretaleur
gne, 8c datee de Rome le neuvième de Mars 1x39.
Les feigneurs croifez s’affemblèrent en effet à Lion
pour regler leur voïage ; mais comme ils tenoient
conférence il vint u* nonce de la part du pape
en grande hâte, pour leur défendre de paffer outre, 8c
leur ordonner de retourner promptement chez eux ,
montrant la commiifion qu’il avoit pour ce fujer.
Les croifez répondirent tout d’une voix: D’où vient
cette variation dans la cour de Rome.' N ’eft-ce pas
icile terme Sclelieuqui nous ontété preferitsdepuis
Jong-tcms parles légats Scies prédicateurs du pape?
Suivant leur promeife nous fommes difpofe2 au voïage
pour le fervice de Dieu : nous avons préparé nos
vivres, nos armes, 8c tout ce qui nous eft néceffaire:
nous avons engagé ou vendu nos terres, nosmaifons
8c nos meubles, nous avons dit adieu à nos amis : nous
avons envoïé devant notre argent à la Terre-fainte 8c
annoncé notre arrivée , nous fommes près du port ;
8c maintenant nos pafteurs changent de langage 8c
veulent.empêcher le fervice de J. C. Leur indigna-
tion étoit telle, qu’ils fe feroient jettez fur le nonce
du pape , fi les prélats n’avoient modéré l’emportement
de la multitude.
Incontinent après vinrent des envoïezde l’empereur
qui reprefenterent fortement aux croifez, qu'ils
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