
Nj3o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
~ Prefque en même tems le pape accorda à faint
N’IV11^^' Louis quelques grâces qu’il lui avoit demandées,
venus de faine comme il paroît par deux bulles dattées du vingt-
Ap. Rain.n. 4 1. cinquième d’Avril 1155. dans lefquelles il fait fon
éloge, & dit qu’encore que le roïaume de France
foit au deflus des autres par fa nobleife , Louis le
releve plus haut par l’éclat de fes vertus : que bien
qu’il s’applique foigneufement au gouvernement de
fon roïaume, il regarde comme fa principale affaire
celle de fon falut ; &c méprife les plailirs & tout
ce qui ne fert qu’au corps, pour ne penfer qu’à
l’utilité & à l’ornement de fon ame. Le pape lui accorde
donc que ni lui ni la reine Marguerite fon
époufe, ni les rois fes fucceifeurs, ne puiffent être
frappez d’excommunication ou d’interdit, fans un
ordre particulier du faint iiege. De plus, il donne
dix jours d’indulgence à tous ceux qui prieront Dieu
pour le roi pandant fa vie , & après fa mort dix
ans durant. La fréquence des cenfures & la facilité
de les prononcer obligeoit à prendre des précautions
pour s’en garantir.
Caufr. de Beiiota. Louis depuis fon retour en France', augmenta les
exercices de pieté & fes bonnes oeuvres. Il fut plus
f.3i. humble en ce qui regardoit fa perfonne , il rendit
c. 23. plus exactement la juftice à fes fujets, & fut plus
charitable envers tous les affligez. Etant encore outre
mer , il oiiitdire qu’un grand fulran faifoit rechercher
avec foin tous les livres qui pourroient
être neceffaires aux philofophes Mufulmans, les
faifoit écrire à fes dépens, & ferrer dans fa bibliothèque
, afin que tous les hommes de lettres puf.
fent en prendre communication quand ils en au-
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roient befoin. Le S. roi fut touché de voir que les ^ N_ h j j ,
infidèles étoient plus zelez pour leur erreur, que les
Chrétiens pour la véritable religion ; & il réfolut à
fon retour en France, de faire tranferire à fes dépens
tous les livres ecclefiaftiqueS authentiques &
utiles, qu’il pourrait trouver dans les bibliothèques
de diverfes abbaïes ; afin que lui tout le premier,
puis les gens de lettres, & les religieux qui avoient
accès auprès de lu i , y puffent étudier, tant pour
leur utilité propre, que pour l’édification du prochain.
Il exécuta fidelement cette réfolution , & fit bâtir
exprès un lieu commode & fûr au tréfor de fa
chapelle à Paris, où il amaifa foigneufement plu-
fleurs exemplaires de faint Auguftin, de faint Ami
broife, de faint Jcrôme, de faint Grégoire, & des
autres dodteurs catholiques, dans lefquels il étu-
dioit volontiers, quand il en avoit le loifir , & les
donnoit volontiers auxautres pours’enfervir.Oril
aimoit mieux faire écrire les livres de nouveau, que
les acheter tous écrits, difant, que c’étoit le moïen
d’en augmenter l’utilité avec le nombre des livres
qu’il avoit ainfî amalfez en fa bibliothèque à Paris,
il en laiffa par fon teftament une partie aux fre-
res Mineurs, une autre aux freres Prêcheurs, & le
refte aux moines de Roïaumont, abbaïe de l’ordre
de Cifteaux, qu’il avoit fondée dans le diocefe
deBeauvais pour cent quatorze moines. Quand il Gaii.chr.tt.4,
étudioit en prefence de quelqu’un de ceux q u i?'77i’
étoient familiers avec lu i, & qui n’étoient pas let-
tfe z , il leur expliquoit ce qu’il lifo it, le traduifant
de latin en françois avec beaucoup de jufteiTe. Il
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