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de la viande , peur ne pas fe mettre hors d’état de
remplir fes devons. . . ..
Ses aumônes étoient grandes. On en faifoit une
générale tous les jours à Bourges dans fa maifon ,
& trois fois la iemaine en trois de fes terres : trente
pauvres mangeoient toûjours en fa prefence pendant
fés repas. Faiiant fes vifites il entroit fouvenc
dans leurs maifons, cherchoit les malades, fubve-
noit à leurs maifons, & les fervoit lui-même : puis
aïant oüi leurs confellions il les co n fo lo it, leur
donnoit fa benediétion , & quelquefois les guerif-
foit. Car on lui attribue pluiïeurs guérifons mira-
culeufes. Quelquefois rencontrant des pauvres tran*
fis de fro id , il fe dépouilla pour les revêtir. En une
année de famine, il fit diftribuer dans Bourges
jufques à quatorze feptiers de froment par jo u r ,
& comme fon oeconome lui repreièntoit que les
vivres manqueroient, il lui du : Si lesvrevenus
de l’églife ne fuffifent p a s , j’y fupplerai de mon
il. ¡n patrimoine, fie pieux archevêque mourut le vendredi
neuvième de Janvier \x C G, On rapporte
des miracles opérez par fon interccffion, & en
quelques églifçs, on lui donne le titre de Bienheureux.
x i i . En même temps que le pape Alexandre, à la prierai
«*! re du roi de C a ftille , donnoit pouvoir de prêcher
la croifade contre les A fr iq u a in s ,il ne laiifoit pas
d’exhorter ce prince à procurer du fecours à la terre
fiainte, comme nous voïons par une lettre du
douzième d’Avril iz j j , où il dit en fubftance : La
terre fainte eft plus expoféc qu'aucune autre, aux
inçurfions des infidèles, & ils l’attaquent de touj.
fr&termtjf•
Kain. n. 68. 69.
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L iv r e q u a t r e -v in g t -q u a t r ie ’m e . 545
tes parts. Elle a été ravagée depuis quelque temps '------------
par les Corefmiens, elle eft continuellement in- A n . 1155.
fultée par les Turcomans, & les Sarrafins. Les prélats
&i les feigneurs du p a ïs , les maîtres des ordres
militaires, & le peuple fidele voient bien que l’état
prefent de la Chrétienté agitée de guerres civiles
pour la plûpart, ne permet pas de leur envoler
du fecours. Cependant les infideles augmentent
en nombre & en forces, les Chrétiens du païs
font réduits à un très-petit nombre, & menacez
de perdre inceffamment la petite partie de la terre
fainte qui leur refte. Ce qui encourage les infid
ele s, c’eft qu’ils favent par expérience, qu’il
feroit impoflible à aucun des princes Chrétiens’
en particulier , d’y faire un aifez long féjour pour
terminer l’entreprife , qui toutefois demanderoit
beaucoup de temps. Ils efperent donc que la terre
fainte n’aura jamais que des fecours paffagers , ÔC
venus de loin : au lieu que pour eux ils font proches
, &c toûjours prêts à l’attaquer : c’eft pourquoi
ils ne daignent faire avec les Chrétiens, ni paix,
ni trê v e , perfuadez que ce petit refte tombera bientôt
fous leur puiifance. Ces raifons font fi folides,
qu’elles fembleroient avoir dû faire dès-lors, abandonner
la terre fainte ; mais le pape en conclut au
contraire, qu’on doit être d’autant plus excité à
la' fecourir , & prier le roi Alfonfe de le faire ,
tant par lui que par fes fujets. Le pape lui-même
faifoit lever pour cet effet en Tofcane ;, & apparemment
ailleurs, le vingtième des revenus eccle-
fiaftiques.
En même temps il confirma l ’ordre des chevafpf
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