
$ 3 2 . H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
T lifoit plus volontiers les livres des peres,dont l’aittorité
eft bien établie, que ceux des nouveaux
doéteurs.
v,- Ce fut fa bibliothèque qui donna la commodité
Vîr cent de Beau- v • i C C r » 1
vais. a V incentde Beau vais, de compoler Ion livre, qu u
s*ThZÎnd“p.7} appellale grand Miroir. Vincent étoit né à Beauvais,
& entra dans l’ordre des freres Prêcheurs dès le
tems de fon inftitution. Il s’appliqua principalement
à la leéfure & à la compolîtion ; & fa réputation
vint jufques au roi S. Louis, qui le prit en af-
fe é lion , &c le fit venir à Roïaumont, où il fe re-
tiroit fouvent. Vincent faifoit auprès de lui la
fonétion de leéteur, & avoit infpeélion fur les
études des princes fes enfans, peut-être auffi faifoit
il des leçons ou des conférences aux moines de
Roïaumont,
A 4P1- Aïant donc des livres en abondance par la libéralité
du ro i, il entreprit de faire un ample re-
?• 4i- cuëil, contenant des extraits de tous les auteurs fa-
crez &c profanes qu’il avoit lu s , pour faciliter les
études , en ralfemblant dans un feul corps tout ce
; .4î. qui lui paroiifoit de plus u tile , & il l’appella le
grand Miroir , pour le diftinguer d’un petit livre
t■ 74*7î* qu’il avoit publié auparavant, fous le titre de M iroir
du monde. Il divifa fon grand ouvrage en
trois parties, dont il nomma la première , Miroir
Naturel , parce qu’elle contient toute l’hiftoire
naturelle : la fécondé , Miroir D o c tr in a l, parce
qu’elle traite de toutes les fcicnces : la troifiéme ,
Miroir Hiftorial, qui contient toute la fuite de
l’hiftoire , depuis la création du monde jufques a
f.joo. l'an iz jo . ou plûtôt 1153. puifqu’il rapporte le
martire &c la canonifation de faint Pierre de V e - “ 9
rone. A n . i z j î «
Dans la préfacé de tout l’ouvrage l’auteur fait J/í"rMk^-c í0^'
quelques obfervations qui montrent quelle étoit la t■
critique de fon tems. Touchant l’autorité des li- d¡/i.io,
vres après l’écriture fainte , il donne le premier
rang aux decretales des papes, fuivant l ’exemple
de Gratien, qui s’appuie de l’autorité de Léon IV .
fans prendre garde que ce pape commence les decretales
à faint Silveftre , au lieu que Gratien emploie
toutes celles du recüeil d’Ifidore attribuées
aux papes précedens : ainfi il préféré ces fauífes decretales
, non feulement aux écrits des peres, mais
aux canons des conciles. Vincent de Beauvais met
faint Bernard entre les peres, & faint Anfelme
en un moindre rang, avec Bede, Alcuin,Raban ôc
d’autres. Il reconnoît qu’il a inféré des paifages de /. j»;
livres apocryphes, fans les foûtenir ni les rejetter ,
parce qu’on peut les lire fans préjudice de la f o i ,
en croïant que Dieu á pû faire ce qu’ils rapportent
-, Sc il tire cette maxime d’un ouvrage fauffe-
ment attribué à faint Jerôme. Il met entre les hif-
toires férieufes au même rang de Cefar & de Sue-
to n e , l’hiftoire de Charlemagne , fous le nom de
l ’archevêque Turpin , fabriquée dans le iîecle pre- t-i6- ,
1 r i » - i ap, Reuber> p. cedenc. II avoue qu il n a pas entrepris de marquer E ch .p .¡o .
cxaéfement les années, à caufe de la variété des ?' 4i'
auteurs fur ce p o in t , & fe plaint que de fon
tems l’étude de l ’hiftoire ecclefiaftique étoit ne-
gligée.
Entre tous les religieux le roi faint Louis aimoit vi.
<. « , | \ r Affeâion de faint
particulièrement les deux ordres mandiansdes rre- Louis pour k s r e ,
X X X iij ligieuxMandians.