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AN.12.39. t jon qUi nQUS-écûit dûë. Mais lorfque nous avions
prefque perdu l’efperance d’accommoder par fà médiation
les affaires d’I talie, nous crûmes tout d’un
coup en avoir trouvé une occafion favorable, par la
divifion qui recommença entre l ’églife, 6c les Romains,
dans laquelle nous répandîmes fi abondamment
nos tréfors, &c exposâmes tellement notre per-
fonne pour l’é g l i fe , que nous perifions avoir effacé
tout mauvais foupçon. Nous allâmes plus avant; 6c
nous nous rendîmes volontairement en la préfence
du pape , avec notre cher fils Conrad élu roi des R o mains
6c héritier du roïaume de Jerufalem : qui nous
tenoit alors lieu de fils unique , à caufede la révolte
de fon frère. Nous ne fifines pas même difficulté de
l ’offrir au pape en otage de notre union avec l’égli-
fe; & voïant les démonftrations de bonne volonté
que nous donnoit le pape 6c toute facour, nous crûmes
devoir remettre abfolument entre fes mains nos
différends avec les Lombards 6c ceux des bourgeois
d’Acre avec la nobleffe. Ainfi nous tenant affûrez de
l ’heureufe conclufion de nos affaires, nous marchâmes
gayement au fecours de l’é g l i fe , avec une armée
nombreufe affemblée à grands frais d’A llemagne 6c
d’Italie; 6c nous ne nous débitâmes point de notre
entreprife, que nous n’euffions rendu à l ’églife fa liberté
opprimée dans R om e , 6c fes terres ufurpées
au dehors,
xxi, Ecoutez maintenant la récom
penfe que le V i -
r de tels fervices.
P l a i n t e s d e i ••
fempereurcott- caire de J. C. nous a rendue pou
tre le pape. p remjerement quant â l’affaire d’Outre-mer, tout ce
que l’archevêque de Ravenne légat du S.fiége avoit
réglé félon fes inftruétions, pour nous remettre en
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poffeffion de nos droits au roïaume de Jerufalem , AN-I2-39-
tout cela fut entièrement détruit à l’arrivée de l’a r chevêque
de Cefarée ; fans attendre ni le légat ni
nos envoïez â la cour de R om e , ni un plus grand
délai, que le tems neceffaire pour compter les hefans
apportez au pape. Quant à l ’affaire d’I talie, loin de
la regler d’une maniéré'honorable pour nous 6c pour
l’empire, comme il l ’avoit promis : il n’eut aucun
égard à nos prières, pour rapp.eller nos ennemis qui
pilloient nos fideles fujeîs en Lombardie .¡St-en'Tofi-
cane ; 6c ne nous permit pas d’y aller avec les troupes
quenous avions pour le fervice de l ’églife. Enfin
defefperant de trouver le pape favorable à nos inte-
refts ni à la paix .d’Italie, nous avons eu recours aux
armes, 6c avons fait venir les troupes que la révolté
dematre fils Henri nous avoit obligé de lever en A l lemagne.
Ge que le pape aïant appris, il nous a défendu
par lettres d’entrer armés en Italie, fous prétexte
de la trêve ordonnée pour favorifer le fecours de
•laterreffainte: fansfe fouvenirque lernême jour qu’il
publia cette t ré vei l nous pria de marcher contre les
iRomainspoür fes interèfts. Il ajoûtoit danslamême
lettre, que pour l’affaire de Lombardie nous devions
compromettre entre fes mains fans aucune,condition.
Mais comme ni l’avis de notre confeil, nid’experien-
cedupaf fé ne nous excitoient pas à le faire : Il-eut
recours à un autre artifice,envoïant audevant de nous
1 evêque de Paleftrine qu’il nous recommandent par
des lettrescomme unifaint, 6c qui toutefois ramena
a la faélion des Milanois Plaifance qui nous étoit foû-
mife:; 8c par lequel le pape s’affûroit de pervertir tous
nos fideles fuj.ets 6c d’arrêter nos progrès en Italie.
Bbi j