
466 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
h * " neurs aïant appris que l’on defefperoit de fa vie ,
A N. 11J3. accourut à. Corrone ôc l’exhorta férieufement à fe
reconcilier à l’ordre & aufaint fiege. Elie rentra en
lui-même, & reconnoiiTant la grandeur de fa faute,
il pria fon frere d’aller promptement à Ailife demander
au pape fon abiolution.
Après qu’il fut parti, Elie fentant augmenter fon
mal le famedi-faint appella Bencio archidiacre de
C om m e , & lui promit avec ferment d’aller trouver
le pape s’il revenoit en fanté , ou d’y envoier quelq
u ’un fi fa maladie tiroit en longueur. L’archidiacre
pour fa fureté prit huit témoins de cette pro-
meife , cinq prêtres ôc trois notaires pu b lic s , ôc
lui donna l’abfolution des cenfures, & un autre
prêtre nommé Ventura aïant oüi fa confeffion lui
donna l’abfolution facramentelle. Enfin le lundi de
Pâques un frere Mineur nommé Diotifecelui donna
la communion, & il reçut fes facremens avec
de grands témoignages de penitence. On ne lui
donna point l’extrême-on&ion, parce qu’on ne
trouva point les faintes huiles dans la ville de C o r-
to n e , ou il n’y avoit pas encore d’évêque. Elie mourut
le lendemain mardi de Pâques vingt-deuxiéme
d’Av r il 1133.. Quelques jours après fon frere revint
d’Aifife avec un penitcncier du pape nommé frere
Valafque du même ordre , qui avoit commiifion
d’examiner la penitence d’Elic. Le trouvant mort
il fit drelfer un a&e autentique de la maniéré dont
il avoit fini fes jours,
x t i . Sainte Claire mourut auifi pendant ce féjourdu
M on de fih.ro v £|jê y gouvernoit depuis quarante-
Mfi.aifi.ix«n. 1 ‘ ansie monafteredeS. Damien fuivantlcsintJ.
p.
ftru&ions qu’elle avoit reçues de S. François. Sous
fon habit très-pauvre elle portoit un cilice de crin
de cheval ou un cuir de porc : elle couchoit fur la
terre nue ou jonchée de farinent avec un billot de
bois pour chevet. Elle jeûnoit au pain & à l ’eau
le grand carême ôc celui de S. Martin, mais le lund
i, le mercredi 5c le vendredi, elleneprenoit point
de nourriture jufques à ce que S. François & l e -
vêque d’Aifife l’obligerent à modérer ces aufteri-
tez. Ses prières etoient continuelles 5c ferventes
& on en vit l’efficace particulièrement en cette oc-
cafion. Les troupes de 1 empereur Frideric entre
lefquelles étoient des archers Sarrafins vinrent attaquer
la ville d Allife , 5c les Sarrafins montoient
déjà fur les murrilles du monaftere de S. Damien.
La fainte abbeffe toute malade qu'elle é to it, fe fit
conduire à la porte avec la fainte euchariftie que
1 on portoit devant elle dans une boëtc d’argent enfermée
dans une boëte d y voire. Elle fe profter-
na ôc dit a-vec larmes : Seigneur , voulez-vous livrer
aux infidèles vos pauvres fervantes defarmées
que j’ai nourries dans votre amour ? Auffi-tôt elle
entendit iortir dufaint ciboire une voix enfantine
qui difoit : Je vous garderai toûjours. Et comme
elle prioit auifi pour la ville : la même voix dit :
Elle fouffrira , mais je la protégerai. Auffi-tôt les
Sarrafins s’enfuirent par les murailles où ils étoient
montez. Le pape Grégoire IX . à fon avenement
au pontificat lui écrivit pour fe recommander â fes
prières, & y avoit une finguliere confiance.
Ses aufteritez lui attirèrent une langueur qui la «
tint au lit pendant vingt-huit ans ;pour s’occuper ôc
A N. 1133.
Vit a. ap. Sur. i l ,
Aug. c. lz .
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