
.— --------66 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
A n . 12.34- demain nous vacqueronsà lapr iere, nouscelebre-
18. j«nvur., rons jâ me(pe ¡nvocant le faine Efpr it , afin qu'il nous
découvre la vérité de fa Proceffion. Mais comme nous
n’avons point d’oratoire, nous prions le feigneur patriarche
de nous en aifigner un.
il leur donna une églife aifez commode pi es de leur
logis i &c le lendemain mercredi, comme ils faifoient
le lervice, plufieurs Latins, François, Anglois & d’autres
nations vinrent l’entendre. Apres 1 office un Latin
vint les trouver en pleurant, ôc difant que fon papas
Grec l'avoic frapé de cenfure , parce qu i la v o i t
affilié à leur meffe. Les nonces en furent affligez , ôc
aïant tenu confe i l , ils envoïerent deux d entre-eux
au patriarche , pour fe plaindre de cette injure faite
à Dieu ôc à toute fon églife. Le patriarche vouloic
diifimuler la chofe : mais voïant que les nonces en
étoient extrêmement offenfez, i l leu r env oïa ce papas
avec fes confrères , qui le depoüillerent de fes
habits facerdotaux, ôc le ramenèrent ainfi par la v i l le
jufques à la maifondu patriarche. S2 comme les autres
papas proteflerent que celui-ci ne l’avoir fait que
par fimplicité ôc non par malice •. les nonces ne voulant
pas paroître impitoïables dans le commencement
de leur négociation, prièrent le patriarche meme de
lui pardonner.
xxx Par cette raifon étant venus le jeudi au palais de
conférence à l ’empereur pour la conférence , ils vouloient com-
^s.jànv. mencer par la queftion du S. Sacrement de 1 A u t e l ,
pour fçavoircequeles Grecs croïoient de celui que
confacrent les Latins: mais ils infiiterent opiniâtrement
à commencer par la proceffion du S. Efprit. On
entra donc ainfi en conférence. Les Grecs demande-
L i v r e L X X X. 67
rent fi les nonces vouloient objeéher ou répondre. Les
nonces dirent : C ’e itâ vous de propofer vosdifficul-
tez fur cet art icle, &c à noüs d’y latisfaire. Le patriarche
dit .-Vous les entendrez. Alors le cartophylax ,
qui étoit comme le tréforier de l’églife patriarcale,s’éleva
au milieu de l’aifemblée ôc par l’ordre du patriarche
ôc de l’empereur il dit : Croïez-vous qu’il y a un
Dieu en trois perfonnes ? Les nonces répondirent:
Nous le croïons. C roïez vous le Pere non engendré, le
Fils feul engendré, le S. Efprit procédant du Pere:
Nous le croïons comme vous le dites. Alors le cartophylax
avec une grande fimplicité levant les mains
au ciel commença à bénir Dieu à haute vo ix , & aïant
répété les mêmes paroles une fécondé Ôc une troifié-
me fois, voiant que les nonces y faifoient la même ré-
ponfe, il ajouta : Nous ne trouvons ici aucunedifpu-
te entre vous & nous : Dieu foit beni de tout. Les nonces
dirent: Vous ne trouverez point de différend fur
cet article entre l’églife Romaine & la Grecque, nous
ne croïons pas que vous en trouviez non plus fur le
Sacrement de l’Autel ; ôc il n’y a point eu d’autres cau-
fès dufchifme: C ’eftdonc fans lu jet qu’elle s’efffouf-
traite à l’obéïffance de l’églife Romaine.
Enfuite l’empereur aïant confulté les fçavans, dit
aux nonces: Nous avons oui que vous dites comme
nous : mais le Seigneur patriarche demande fi vous
ne dites rien de plus. Car nousavons oüi dire.que'
vous avez ajouté quelque chofe au fymbole compo-
fe dans le concile par les peres : qui ont défendu fous
peine d’anathême d’y ajouter, ou d’y changer même
unefyllabe. Les nonces demandèrent que le patriarche
leur montrât le fymbole écrit. Le patriarche dit :
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A n. 12.34.
ij>. Janv.