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2 9 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
g leter re& des autres roïaumes Chrétiens n’a pas été
luffifant pour acquitter les dettes que le S. fiege avoit
contractées pour la défenfe de la liberté ecclcfiafti-
que & de Ton patrimoine : c’eft pourquoi nous vous
mandons de nous aider de telle fomme d’argent que le
docteur Martin vous déclarera de notre part, 8c la lui
remettre dans le terme qu’il vous afiignera. Ce nonce
étoit chargé de plufieurs autres bulles pour donner
desprovifionsoudes revenus de bénéfices aux parens
du pape félon qu’il jugeoit à propos : ce qui faifoit juger
que cçs bulles étoient içeüées en blanc , pour les
remplir comme il lui plaifoit & les montrer félon l’oc.
cafion. Enfuite le pape étant à Genes écrivit aux évêques
Sc a tout le cierge d Angleterre, leur ordonnant
de donner libéralement à leur roi de quoi fournir aux
depenfes de l’état, à la confervaticq duquel l’églife
etoit intereifée. La lettre eft du vingt neuvième de
Juillet. Ainfi ce clergé fe trouvoit en même tems
preffé des deux co t e z , par le pape & par le roi.
Alors arrivèrent à Londres des ambafladeurs de l’empereur
Frideric apportant une let tre, qui fut Iûë devant
le roi & le clergé aifemblé malgré la refiftance du
nonce Martin. En cette lettre l’empereur s’efforçoit
de fe juftifier au fujet du traité de paix avec le pape,
a durant qu’il vouloit rendre juftice à l ’églife Sc obéir
à fes ordres. Mais , ajoutoi t - i l , le pape exige avec
hauteur dêtre mis en pofieffion. de quelques villes,
châteaux & terres, dont on n'eft pas encore éclairci
iî elles appartiennent à l'empire ou à l ’églife: il veut
que je délivré quelques priionniers , que je regarde
comme des feduéfceurs; & il exige de moi ces conditions
ayant que jefois abfous des cenfures. Craignant
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. L i v r e L X X X II. ------------
donc d’être filrpris 8c de tomber dans les pieges du A N i Mi-
pape, je me fuis fournis à l’avis des deux rois de France
Sc d’Angleterre , 8c de leurs barons, mais le pape
a refufé d’accepter même une telle foûmiilion. L’empereur
fe plaignoit fortement dé ce refus : & à la fin
delà lettre il prioit inftamment le clergé*d’Angleterre
, de ne donner aucun fubiîde au pape à fon préjudice.
Ilajoûtoit : Si votre roi veut fuivre mes con-
feils je délivrerai l’Angleterre du tribut dont le pape
Innocent III. l’a cha rg é e , 3e de toutes les autres vexations
de la cour de Rome : mais fi Votre roi né
veut pas me croire, je m’en vengerai rigoureufemenc
fur tous fes fujets que je trouverai dans mes états.
Cette lettre de l’empereur lui gagna les coeurs de
beaucoup d’Anglois ; étant accompagnée de celles de
Baudouin empereur de C. P. 8c de Raimond comte
deTouloufe, quirendoient témoignage de fa bonne
difpofition pour la paix.
Le pape Innocent étant à Genes y Convoqua le FrereÉiLon-
chapitre général des freres Mineurs, qu’il étoit né- pa“ népark
ceflfaire de tenir tant pour élire un miniftre général, Vading. 1244,
que pour réünir l’ordre divifé en deux partis. Haimon » i". 5.
leur cinquième général étoit mort, après avoir rempli
cette place près de cinq ans; &frere Elie préten-
doit y rentrer comme aïant été dépofé injuftement.
Or il y avoit un grand parti, qui favoriioit le relâchement
8c la mitigatidfti de la réglé : au lieu que les autres
la vouloient fuivre à la rigueur. On nommoit
ces derniers Zélateurs, Spirituels , ou Cefariensjà
caufe de Cefaire leur chef , qu’Elie avoit tant perfe-
cuté.De ce nombre étoient plufieurs difciples de faine
François’ ou deies premiers compagnon s,qui vivaient