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A n . 1139. p ruftré de cette efperahce 8c voïant le ravage que nos
armes faifoient chez les rebelles, il a envoie des lettres
8c des légats dans l ’empire 8c par tout le monde |
pour détourner de notre obeïiîanee 8c de notre amitié
tous ceux qu’il pourroit. De quoi étant avertis 5c
voulant encore vaincre le mal par lebien ,nousavons
e iv o ïé des ambaifadeurs vers le f i int f ie g e , fçavoir ,
v.PaUsac* Berard archevêque de Palerme , les évêques de Fe-
t,m. s.p-w- renzola & de R e g g i o , maître Thaddée de Sueflejuge
« P de notre grande cour 5c Roger de Porcaftrelle notre
chapelain. L’empereur envoïa ces ambaifadeurs au
pape qui étoit à Anagni au mois d'Aout 1138.
La lettre continue : Le pape par le confeildes cardinaux
accepta leurs propofitions, 8c nous renvoia
avec eux l’archevêque de Meffine , promettant de
faire ceffer par tout les obftacles qui arretoient nos
progrès. Tout cela eft prouvé par les lettres de tous
ces prélats. Mais avant que nos ambaffadeurs 8c fon
nonce fuffent àtrois journées delà cour de R ome , il
envoïa en Lombârdie en qualité de légat Grégoire
de Monte-Longo, qui travailla depuis à la ruine des
Mantoüans 8c de nos autres ferviteurs. D'ailleurs il
envoïa des lettres à quelques prélats d Italie 8c d A l lemagne
qui étoient a notre cour , tendant a nous décrier
; 8c contenant certains articles , particulièrement
des prétendues vexations des eglifes du roïau-
me de Sicile, fur lefquelles il ordonnoit à fes prélats
de nous admonefter. Nous vous envolons tous ces
articles avec nos réponfes en forme autentique. Nous
exposâmes le tout en détail aux feigneurs, aux prélats
&i à plufieurs religieux de divers ordres, qui furent
honteux d une telle legereté du pape -, 8c toutefois de
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leur avis nous lui renvoiâmes l'archevêque de Paler-
me, Thaddée 8c Roger nos ambaifadeurs, avec les
députez des villes qui nous étoient fdeles : par le f - .
quels nous lui déclarâmes que nous étions prêts à lui
donner fans délai toute fatisfaéfion.
Mais fa fureur n’en fut point retardée , & fachant
que nos ambaifadeurs chargez de ces offres n’étoient
qu’à une journée de Rome 1 il fe preifa de prononcer
contre nous une fentence, premièrement le dimanche
des Rameaux, contre l’ufage d e l ’églife, 8c en-
fuite le jeudi f a in t , par laquelle ainfi que nous l’avons
oüi dire , il nous a excommuniez par le con-
feil de quelques cardinaux Lombards, 8c nonobftant
l’oppoiîtion de la plus faine partie des autres. Et par
le moïen de fes fatellites foudoïez aux dépens des
pauvres, il a empêché nos ambaifadeurs , qui étoient
déja'arrivez, de fe prefenter devant lui pour propofer
nos raifons 8c juftifier notre innocence. Or quoique
pour notre intérêt particulier 8c la honte du pape, il
nous foit avantageux qu’il ait tenu un procédé Ci irrégulier:
nous en fommes toutefois fenfiblement affligez
pour l ’honneur de l’églife univetfelle notre
niere. Mais d’ailleurs nous ne croïons point qu’ il nous
puiife faire juf tice, quoiqu’il puiife nous faire injure,
ne le reconnoiifant point pour notre ju g e , puif-
qu’il s’étoitdéja déclarénorreennemi capital, favo-
rifant publiquement nos fujets rebelles 8c les ennemis
de l’empire, il s’eft même rendu indigne d’exercer
l’autorité pontificale, par la proteétion, qu’il donne
à la ville de Mi lan, habitée pour la plus grande partie
par des heretiques, fuivantle témoignage de plu-
ileurs perfonnes dignes de foi.
B biijs