
A n . 12-39-
XX.
Apologie 1 de
l’empereur.
Petr. de Vin r .
ep» 2.i*
Mat th. Par if.
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Sup* l.
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1 91 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Frideric de fon coté écrivit aux rois & aux princes
une lettre ,o ù i l reprend tous les fujets de plaintes
qu’il prétendoit avoir contre Grégoire depuis le
commencement de Ton pontificat. Il etoic d i t - i l ,
notre ami étant dans un moindre rang , mais fi-tot
qu’il a été p ap e , oubliant tous les bienfaits dont les
empereurs Chrétiens ont enrichi l’é g l i fe , il a exercé
fa malignité contre nous. Car prenant oçcafion de
ce que pour éviter le fcandale, nous nous étions oblig
ez par ferment & fous peine d'excommunication de
paifer à la Ter re iainte dans un certain terme : il nous
a déclaré excommuniés, quoique nous euffions été
retenus par maladie -, & a ajouté plufieurs autres cau-
fes de cette cenfure, pourlefquelles nous n’avons jamais
été admoneftez. Nous avons toutefois humblement
obéi a cette cenfure , à laquelle nous nous
étions fournis volontairement , &c aïant recouvre la
fanté nous avons demandé l ’abfolution, nous préparant
au voiage d’Outre-mer. Le pape nous l’a indignement
refufée, &c nous n’avons pas laiife d’accomplir
notre voeu , croïant qu’il auroit plus d égard au
bien du fervice de J. C- qu’à contenter fa haine.
Mais au contraire il nous a préparé toutes fortes
d’obftacles en Syrie, jufques à faire écrire au fultan
par fes légats de ne nous pas rendre les faints lieux
dépendans de notre roïaume de Jerufalem : nous en
gardons les lettres qui ont été interceptées. D ’ailleurs
Je pape eft entré à main armée dans notre roïaume
de Sic i le , fous pretexte que Renald fils du défunt
duc de Spolete fe préparait à entrer fur les terres de
Féglife: ce qu’il faifoit à notre in f ç û , comme nous
gavons bien montré depuis en le puniffant. Cependant
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dant que les généraux du pape publioient que nous
avions été pris en Sicile.
A notre retour d’Outre-mçr nous nous fommes
contentez de nous défendre fans nous Vanger,&avons
écouté volontiers les propofitions de paix: mais le
jour même de la réconciliation le pape nous apreffez
inftamment de revenir en Italie fans armée ,' fous
pretexte queçe ferait allarmer nos fideles fujets afTû-
rant qu’il nous applaniroit toutes les difficultez. T o u tefois
nous avons des preuves qu’il faifoit tout le contraire
, par fes lettres & par fes nonces. En effet les
rebelles fermèrent de tous cotez les chemins à notre
fils &c aux feigneurs qui venoient d’Allemagne
nous trouver : ce qui nous obligea de les renvoïer &c
de retourner dans le roïaume de Sicile. Nous y goûtions
quelque r ep o s , quand le pape nous prefla de
marcher contrôles Romains ,qui nous étoient fideles
Sc contre quelques rebelles de Tofcane: promettant
de foûtenir avec nous le droit de l’empire. Cédant
donc à fes inftances, nous déclarâmes la guerre
aux Romains qui ailiegeoient alors Viterbe ; & cependant
il écrivoit fecretement à Rome que nous
agiflïons ainfi fans participation en haine des R o mains.
Alors une fédition arrivée en Sicile nous obligea
d’aller à Meffine ; & auifi-tot le pape traita fans
nous avec les Romains, ne confiderant pas que nous
lui avions énvoïé un grand fecours de troupes, demeurant
nous-mêmes défarmez entre les rebelles.
Cependant la pureté de nos intentions & notre
zele pour l’égüfe ne nous permettoient pas encore de
nous appercevoir de la mauvaife volonté du pape :
£nforte que nous laiffions à fa difcretion la fatisfac-
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