
*— r H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
An. 1234. Quiconque necroit pas queleS. Efprit procédé proprement
du P e r e q u ’il ioit anatheme. Les nonces
repeterent cet anathême, 8c ajouterenrNous(croïon$
auffi fuivant S. Cyr i lle, que le S. Efprit procédé proprement
duEils, & nous difons anathême à qui ne le
croit pas,. Les Grecs avancèrent encorecettepropou-
tiont-iréedeS.Bafile., que le faint Efprit procédé du
Pere &c non d’ailleurs ; ce que les nonces admirent volontiers
» puifqu’il ne procédé pas d'une autre fubftan-
ce. Les Grecs citèrent plufieurs autres paffages des
peres, mais ceux-ci paroifloient les plus contraires
aux Latins. Voïant donc qu’ils n’avoient rien avanc
é , le patriarche impofa le filence delà main Sc de la
voix; car le peuple faifoit grand bruit. Les nonces
crurent quele deifein du prélat étoit de fe fervir de ce
filence pour émouvoir le peuple contre eux. C eft
pourquoiils le prévinrent, &c voïant le peuple fore
attentif, ils dirent; Croïez-vous que le S. Efprit procédé
du Fils, ou non ; Le patriarche répondit : Nous
croïons qu’il ne procédé point du Fils. Mais, reprirenc
les nonces, S. Cyrille qui préfida au troifiéme concile
a anathematifé tous ceux qui ne le croient pas.
De plus vous dites qu’on ne peut confacter le corps de
J. C. avec des azymes ; mais c’eft une hérefie. Vous
trouvant donc hérétiques Sc excommuniez , nous
vous laiflfons comme tels. Aiant ainfi parle, ils for-
tirentdu concile , les Grecs criant après eux : C'eft
vous-mêmes qui êtes hérétiques.
Les nonces convinrent entre-eux de ne point manger
ce jour là qu’ils neuflent obtenu 4e l’empereur
la permiflion de fe retirer. Ils l’obtinrent ; mais 1 empereur
leur montra un vifage trifte, comme étant affligé
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fligé de ce qu’ils s’étoient féparez mécontetis les uns
des autres.
Ils partirent donc de Nymphée le matin du fame-
di treiziémede May, & continuant leurs journées, ils
arrivèrent un dimanche au village de Calame,où
furvinrent tout au foir des envoïez de l’empereur Sc
du patriarche. L’empereur les faluoit 8c témoignoit
être fâché qu’ils fefuflent ainfi retirez brufquement,
fans avoir pris congé Sc la benediCbion du patriarche
Sc du refte du concile. Les nonces répondirent:
Dieu conferve l’empereur pour le bien de fon églife,
il ne doit pas fe plaindre de nous, puifque nousfom-
mes partis avec fon congé. Quant au congé Sc à la
bénédiction du patriarche ou du concile , nous ne
nous enfoucions pas, l’empereur en fçaic les raifons.
L ’envoïé du concile répéta le même difeours que l’autre,
Sc ajoûta : Voilà l’écrit que vous avez donné au
concile ; le patriarche vous le renvoie 8c vous prie de
lui revoïer celui qu’il vous a donné touchant les azymes.
Il vous envoie auffi fes lettres qu’il vous prie de
porter au pape; & tout le concile vous envoie fa pro-
feffion de foi fur la proceffion du faint Efprit, pour la
prefenter au pape.
Les nonces répondirent : N ° usavons prefenté nôtre
écrit au concile , pour être comme un miroir, où
tout le monde pût voir la foi de l’églife Romaine,
afin que ceux qui l’auront lû exactement croient Sc
eofeignent ce qu’il contienc, 8c que nous parlions
tous le même langage; c’eft pourquoi nous ne voulons
point reprendre cet écrit. De même l’écrit que
les Grecs nous ont donné eft à nous ; c’eft un miroir
fcandaleuxde leur creatlce. C ’eft pourquoi .nous ne
Tome XVI I . ' N
A n . 1234.
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nonces.