
---------------. La même année le pape Innocent canonifat folem-
A n , 1 1 4 6. nellement S. Edme de Cantorberi le troifiémediman-
cEe de l’A vent feiziémcjour de Décembre ; mais la
bulle ne fut expediée que l’onzième de Janvier de
Adütftm.f. 1083. l’année fui vante 1 14 7 . Elle eft adrelfée aux évêques,
& aux autres prélats, & contient un abrégé de fes
vertus & de fes miracles : le dimanche neuvième de
Juin fu iv a n t , le corps de S. Edme fut transféré dans
¿¡s- l ’églife conventuelle de P on tign i, en prefence du roi
’Rang. Gefia'p. S. L ou is , de la reine fa mere , & d’une multitude innombrable
de nobleffe. Le roi donna aux Anglois
une plus grande liberté qu’aux autres nations de viiî-
ter fon tombeau.
H- Cependant Richard évêque de Chicheftre difciple
Vertus de S. Ri- 1 7-» . , / . - z i • i> *
charddç chichef- cle ce ia in t, il en etoit pas mieux traite du roi d A n -
gleterre. Etant revenu après avoir été facré p a r le pape
à L io n , il trouva que les officiers du roi avoient
confumé tous les reyenus de fon év ê ch é , & que le roi
avoit fait publier des défenfes de lui rien prêter. Il
vit««p.-Boit. to. montra au roi les lettres du pape , portant ordre de
le mettre en poifeffion , mais elle ne lui attirèrent
que l’indignation de ce prince. Il fe retira donc dans
fon dioeefe, pauvre Sç dénué de to u t , fubfiftant par
la charité de ceux qui vouloient bien le loger 5i le nourrir
; mais il ne laiifoitpas de faire fes v ifites, & d’ad-
miniftrer les facremens félon qu’il en vo ïo it le befoin»
A fin de ne pas paraître abandonner fon d ro it , il al-
loit quelquefois à la cour demander humblement la
reftitution de fon églife ; mais on le renvoïoit toû-
jours avec mépris & outrage. Et voïant un jour quê
le doïen & les chanoines de fon églife en étoient affligez
, il leuf dit. d’un vifage guai ; Ne fijavez^vous pas
qu’il eft é c r it, que les apôtres fe réjoüiifoient d’a v o ir -
fouffert un affront pour Jefus-Chrift. A n . 11.47.
Il fit toutefois favoir au pape la maniéré dont le roi a u . y. 41.
le trairait 3 & le pape envoïa un ordre très-exprès à
deux évêques d’Angleterre, d’admonefter le roi qu’i l_
eût à rendre à Richard dans un certain terme les terres
& les biens de l’églife de Chicheftre, finon qu’ils
dénonçaiferit par toute l’Angleterre lesrenfures portées
par leur commiffion. Enfin lcro iobéit au bout de
deux ans, & rendit à l’évêque fes terres dégradées &
dénuées de tout. Il ne laiffa pas de faire des aumônes
très-abondantes -, & comme l'on frere fur lequel il s’é-
toit déchargé de fon temporel, lui reprefentoit que fon
revenu n’y pou voit fuffire, il lui répondit : Eft-il juftç
que nous mangions dans de l’or .& de l’argent pendant
que J. C . fouffre la faim dans fes pauvres ? je fai me
contenter de vaiffelle de terre comme mon pere, qu’on
vende jufqu’à mon cheval s’il eft befoin. Il augmenta
pendant fon épifeopat fa ferveur dans la priere ,fes
aufteritez & toutes les bonnes oeuvres.
Il ne donnoit point de bénéfices à fes parens, difant p . isr.
que N . S. avoit préféré S. Pierre pour le gouvernement
de l’églife à S. Jean qui étoit fonparent. Il refifta
avec une fermeté invincible à l’archevêque de C an -
torberi & au roi même , qui le follicitoient en faveur
d ’un curé fcandaleux,qui avoit enlevé une religieufe.
Il prêchoit affiduëment, même hors de fon dioeefe :
i l entendoitdes confeffions, confoloit & encourageoit
les penitens , donnoit confeil à ceux qui le deman-
doient ; enfin il exerçoit toutes les oeuvres de charité
corporelles & fpirituelles. *
Trois mois après lacanonifation de S. Edme Ie pape
Tome X V I I . • A a a.