
f g l H ï S T O l R E E é C L E S Ï A S T lQ 4JE.
ïefqtrelles ils viverïTîils fêtent le vendredi comme les
Mahometans. Leur évêque vient rarement cn T ar -
tarie , à peine en cinquante ans une fois 5 6c alors
ils font ordonner prêtres tous leurs enfans mâles,
même au berceau; d’où vient que les hommes font
prefque tous prêtres, 6c ne laiffent pas de fe marier
& fe remarier fi leurs femmes meurent. Ils font
tous fimoniaques & ne donnent aucun facrement
fans argent. Le foin de leurs familles les rend in-
tereifez & peu curieux de la propagation delà foi :
outre que leurs rnauvaifes moeurs les fontméprifer;
car les idolâtres vivent plus honnêtement. Voilà ce
qu’il dit des Ncftoriens : puis il continue ainfi fa
relation.
p. îij. 117. Nous arrivâmes enfin à la cour du grand Man-
gou-cart le jour de faint Jean, vingt-|eptiéme de
Décembre i i j j . Plufieurs Mogols vinrent vifiter
celui qui nous avoir amenez, 6c nous interrogèrent
fur le fujet de notre voïage.. Je dis que nous avions
oui dire, que Sartach étoit chrétien , 6c que nous
étions venus le trouver chargez de lettres du roi de
France,: qu’il nous avoir renvoïez àBaatou & Baa-
rou au grand can. Ils demandèrent fi nous délirions,
de faire la paix avec eux. Je répondis, que ne leur
aïant donné aucun fujet guerre, vous n’en aviez
aucun de leur demander la paix, quoique vous de-
firaffiez comme prince jufte & droit,de l’avoir avec
tout le monde. C ’eft qu’ils font fi fiers qu’ils croient
que tout le monde doit rechercher leurs bonnes
grâces.
/. 150. Dans une maifon près du palais nous trouvâmes
une chapelle où étoit un moine Arménien fort
L i v r e q u a t r e - v i n g t - q u a t r i e ’m e .
auilere en apparence, quïnous dit qu’il étoit hermi-
te de la terre-fainte, que N . S.lui étoit apparu par
trois fo i s , 6c lui avoit ordonné d’aller trouver le
prince des Tartares. J’y fuis venu, ajourait-il, il y
a un mois , & j’ai dit à Mangou-can, que s’il vou-
loit fe faire chrétien tout le monde fe foûmettroit
à lu i, même les Francs 6c le grand pape ; & je vous
confeillc de lui en dire autant. Mon frere, lui répondis
je , je voudrois pouvoir perfuader au can de
fie faire chrétien ; & jeluipromettrois que les Francs
& le pape en auraient bien de la jo ïe , & le recon-
noîtroient pour frere 6c pour ami ; mais non pas
qu’ils de vinifient fes fu je ts , 6c lui païaiTent tribu t,
comme font les autres nations. C e ferait parler
contre ma confcience 6c contre ma commiifion.
Cette réponfe fit taire le moine.
Le quatrième de Janvier 1x54. on nous mena au x x .
palais à l’audience de Mangou-can. Il me fit de- Mango'u-c»a.£
mander lequel nous voulions de quatre breuvages
qu’on nous prefentoit. Je goûtai un peu de celle f. i„.
qu’ils nomment cerafine, faite de ris.; mais notre
interprète but du v in , 6c fi abondamment qu’il ne
favoit plus ce qu’il faifoit. Le can fe fit apporter
plufieurs fortes d’oifeaux de proie , q u ilm it fur le
poing 6c les confidera beaucoup. Affez long-tems
après il nous commanda de parler. Je me mis à ge- t■ n>-
nou x ,& aïant fouhaité au can une longue v ie , puis
expliqué l’occafion de notre voïage, je lui demandai
conformément à votre lettre, la permiifion de
nous arrêter en fon païs, parce que notre réglé
nous oblige d’enfeigner aux hommes à vivre félon
la loi de Dieu. Que nous n’avions ni or ni argent
Bbb b ij