
ï.38 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
V. Baudrand,
2 . 5 0 n i a i U I A f i A - V j V j U U J i a j *. ». vqw» i r
A n. 1140. £ eurs ennemis contre lefquels il s’attend d’avoir à
foûtenir la guerre: c’eft pourquoi il ne feroit pas sûr
d’appauvrir davantage le roïaume , deja aftoibli par
le départ de la noblefle qui s en va pour la croifade
,8c emporte avec elle de grandes fommes. Cette contribution
feroit encore préjudiciable aux patrons des
-églifes, 8c il ne paroîc pas qu’ ils y confentem. Enfin
.c’eft une affaire commune de toute l’égliie , qui doit
être refervée au concile général,puifquc le bruit court
qu’il doit être convoqué. Le légat aïant oiii ces rai-
fons, diffimula fa confufion Attendant une occa-
fion plus favorable.
llaffcmbladoncles curez de la province de Bercs-
hire au comtéde Berc 8c leur fit la même propoiition
y joigaancbeaucoup de menaces 8c de promeftes. Les
curez fe tinrent à:1a réponfe des évêques,8c ajoûterent
les raifons fuivantes. On ne doit pas faire de contribut
ion contre l’empereur comme étant hérétique,
puifqu’il n’eft ni condamné parle jugement del'égli-
feni convaincu quoiqu'il foit excommunié. Comme
l ’églife R omainea fon patrimoine dont l’adminiftra-
rion appartient au pape, ainfi les autres églifes ont
le leur, qui n’eft aucunement tributaire de l’églife
Romaine. Quand on dit que rotic appartient au prince
, ce n'eft pas pour le domaine 8c la propriété , mais
pour le foin 8c le gouvernement : c'eft ainfi que toutes
les églifes regardent le pape. La puiflance de lier
8c délier donnée à S. Pierre ne s’étend point à faire
des exaétions. Les revenus des églifes fow deftinez a
certains ufages, comme l'entretien des bâtimens, la
i ’478’ fubfiftance de fes miniftres 8c des pauvres: ilsjnedoi-
ventdonc point être appliquez à d’autres ufages, fi
i v r e L X X X I . 139
ce n ’e ft pas l’autorité de l’églife univerfelle. Or les A n * 1 140.
revenus des églifes fuffifent à peine pour la fubfiftance
du clergé : tant à caufe de leur modicité , que de
la difette qui arrive quelque fois 8c la multitude des
pauvres. Outre queperfonne ne peut plus avoir qu’un
benefice.
Cette contribution augmentoit le fcandale contre
l’églife Romaine : car on dit publiquement : De
pareilles exaétions ont déjà étéfaites, qui ont épui-
lé le clergé j '8c aufli-tôr que l’argent a étéj extorqué
, le pape 8c l’empereur fe font accordez, fans
qu’on ait rendu un denier : au contraire s’il reftoit
quelque chofeà païer,on ne l ’exigeoit pas avec moins
de rigueur. Déplus la plûpart des fidèles font enga-
; gez par voeu à la croifade , 8c le pape les prefle de
l ’accomplir par eux ou par d’autres: or ils ne peuvent
fatisfaire en même tems à cette contribution; 8c d’ailleurs
ils en font exempts, aïant comme croifez un
privilège pour joüir entièrement de leurs revenus
pendant trois ans. Le légat 8c ceux de fon confeil
voïant la fermeté dejees évêques Sc de ces curez re-
folurent de les divifer: le légat alla trouver le roi 5c le
perfuada aiiément : ceux de la fuite s’adreflerent en
particulier aux évêques 8c aux archidiacres , 8c en
gagnèrent plufieurs par l’efperance de plus grandes
dignitez : enforte que le plus grand nombre fe fournit
à la contribution.
Cependant Richard comte de CornoüaiHé frere R.^xm *
du roi d’Angleterre vint à Londres entre l’Afcenfion <*e colno&Sîe
8c la Pentecôte, c’eft-à-dire vers la fin de Mai; 8c aïaac
pris congé du roi 8c des feigneurs,il s’embarqua àDou- 47?1
vres , traverfala France 8c vint en Provence. Comme