
A n . i i îo
XIX.
Prifc de faint
Lquis.
M-S.
4.46 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ."
ces : ils craignent de voir finir leur domination &
leursricheileslice païsétoit fournis aux Chrétiens.
C ’cft pour cela qu'ils ont alliance avec les Sarra-
fins , qu’ils trahiffent les croifez &: les font périr
par le fer & par le poifon. Frideric n’a-t’il pas
éprouvé leurs tromperies ? Le maître du Temple
8c celui de l ’Hôpital outrez de ces reproches fui-
virentle comte a Artois, ils entreront dans la Maf-
foure qu’ils trouvèrent ouverte ; mais les Sarrafins
s’etant apperçûs du petit nombre des François revinrent
fur leurs pas & les envelopperent dans cette
p la c e , enforte que la plûpart y périrent, entre
autres le comte d’A r to is , avec plufieurs chevaliers
des ordres militaires.
Quelques jours après, le nouveau fultan arriva
à la Malfoure. Il fe nommoit Elmelic Moadam
Tourancha Gaïateddm. fils de Saleh. Alors on
publia la mort de fon pere, il fut reconnu par toute
l'E g yp te , 8c fa preienee releva le courage des
Mufulmans. A u contraire l’armée des Chrétiens
déperiifoit de jour en jour par les maladies & la
difette des viv res , que l’abftinence du carême aug-
t.S7. mentoit encore ; enforte que ne pouvant plus.fub-
fiiler dans leur camp -, ils reprirent le chemin de
M°- Damicte. Comme ils étoient en marche le cinquième
jour d’A v r i l , qui étoit le mardi d’après
l ’oétave de Pâques, les Sarrafins les attaquèrent
de toutes leurs forces ; 8c ne laiiferent pas de trouver
grande réfiftance nonobftant le petit nombre
& la foiblelfe des François. Gui de Château Por-
cien évêque de Soiifons préférant la gloire du martyre
au retour dans fa p a tr ie , s’alla jetter feul au
L i v r e q u a t r e -v i n g t - t r o i s i e ’m e . 4 4 7
milieu des ennemis qui le tucrent promptement. '------------- •
Le roi faint Louis malade comme les autres étoit A N. i z j o .
fans armes monté fur un petit cheval & il ne lui t-6u
reiloit de tous fes chevaliers que Gcoffroi de Scr-
gines, qui après l ’avoir défendu long-temps le fit Smut p. zîj.
arrêter à une petite ville nommée Gharmafac, où
on le trouva 11 m a l, qu’on ne croïoit pas qu’il pût
paifer la journée. Les ennemis y étant entrez il
fe rendit prifonnier avec les François qui s’y trouvèrent
: puis fes deux freres Alfonfe comte de Poitiers
8c Charles comte d’Anjou ; enfin tout ce qui
reftoit de l’armée, car le nombre des morts fut
très-grand. Le légat fe fauva par le N il à Damie- g«hi.c^^î
te , où il porta la nouvelle de cette défaite à la ? I++'
reine.
Le roi faint Louis fu t mené à la Malfoure 8c mis
aux fers ; mais les Arabes le guérirent promptement
par un bruvage propre à fa maladie. Il demeura
un mois en p r ifon , 8c pendant ce temps il
ne celfa point de reciter tous les jours l’office di- GkM- e*mt.
vin félon l’ufage de Paris, avec deux freres Prê- ’ ’
cheurs, dont l’un étoit prêtre 8c favoit l’Arabe ,
l ’autre nommé Guillaume de Chartres étoit fon
clerc. Ils difoient tant l ’office du jour que celui de
la Vierge 8c la melfe entiere mais fans confacrer ,
le tout aux heures convenables ; & même en pre-
fence des Sarrafins qui gardoient le roi. Car après
fa prife ils lui apportèrent comme en prefent fon
bréviaire 8c fon milTel. Ils admiroient fa patience
à fouffrir les incommoditez de fa prifon & leurs
infultes : fon égalité d’ame & fa fermeté à refufer
ce qu’il ne- croïoit pas raifonnable, 8c difoient :