
584 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
_ que favans & quelque faints qu’ils foient ; quand
6. même ils feraient des miracles. Or il-Jn’y a dans
leglife de miffion légitime , que celle des évêques
& des curez: les évêques tiennent la place des apôtres,
les prêtres des foixante & douze difciplcs.
-tj. On dira que pour prêcherai fuffit d’avoir l’autorité
du pape ou de l’évêque diocefain ; mais fi le pape
accorde à quelques perfonnes le pouvoir de prêcher
par to u t, il faut l'entendre des lieux' où ils y
feront invitez, puifque les évêques mêmes ne peuvent
qu’en ce cas faire aucune fonction hors de
leurs diocefes. Le pape fe ferait tort à lui-même
s’il troubloit les droits de fes freres les évêques, S i
il n’eilpas vrai-femblable qu’il accorde à une multitude
indéfinie de perfonnes la faculté de prêcher
,4 aux peuples, autrement ce ferait comme une in-
finité d évêques univerfaux ; & puifque la fubfif-r
tance eft dûë à ceux qui prêchent avec autorité légitime,
ce feroit împofer aux peuples une charge
ififupportable. ,
.4 7 . Si les prélats veulent arrêter la prédication des
faux apôtres, le moiën le plus court eit d empe-
cher qu’ils ne reçoivent leur fubfiftançe ; car fi cç
fecours leur manquoit ils n e prêcheraient pas longtemps.
Or ils n’ont point droit de vivre de l’évangile
comme les vrais apôtres, n aïant point de peu-
4,. pie qui leur foit fournis. Si on demande quel mal il
ÿ a de demander fon neceffaire : je répons que ceux
qui veulent vivre par la mandicite, deviennent
flateurs, médifans, menteurs. Et fi 011 dit que c’eft
une pratique de perfeétion de touf quitter pour
Tefqs-Chrift, & de mandier enfuite : je foûtipns
que la perfeétion confifte à tout quitter & fuivre --------------
Jefus Chrift en l’imitant dans la pratique des bon- A n . i z j £.
nés oeuvres, c’eft à-dire , en travaillant, & non pas
en mandiant. Celui donc qui afpire à laperfedtion /.*». pdoit
après avoir tout q uitté, vivre du travail de fes
mains, ou entrer dans un monaftere qui lu ifou r -
niiTe lesneceffitez delà vie. On ne trouve nullepart
que Jefus-Chrift ou fes Apôtres aient mandié; S i
quoiqu’ils euifent droit, de fe faire nourrir par les
peuples qu’ils intruifoient avec miffion légitimé,
ils travailloient de leurs mains pour fubfifter. Les
loix humaines mêmes condamnent les mandiatis
valides. Il eft vrai que leglife permet, ou du moins
tolere depuis long-tems la mandirité en quelques
réguliers ;- mais il ne s’en fuit pas qu on la doive
toûjours permettre, contre l’autorité de faint Paul;
& fi leglife l’a accordée par erreur, elle devrait révoquer
fa conceffion, après avoir reconnu la vérité.
Entre les fignes des faux Apôtres & des féduc-
teurs, l’auteur marque les fuivans. Ils feignent d’a - 1 ■6I- ( '- 6 s -
voir plus de zele pour le falut des amesquelespaf-
teursordinairesjfe ventant d’avoir éclairé l’églife,&
d’en avoir banni le péché. Ils flattent les hommes
par intérêt, & demeurent volontiers aux cours des
princes. Ils ufent d’artifice pour fe faire donner des Amibiens
temporels, foit pendant la vie, foit a la mort:
ils crient contre les veritez qui les choquent, &
travaillent à les fupprimer. Ils plaident pour fe fai-' a <7-
re recevoir, ne veulent rien fouffrir, fe fâchent
quand on ne leur fait pas bonne chere, ou quand
on veut les examiner: ils perfecutent ceux qui l’en-
T o m e X V I I . L e c e