
A n . 1143.
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Suite de la dé«
pofition de Frideric.
Matth. Par,
595.
Xfatth. Par If.
h §95*
Mon. Paduan.
an.
332, H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
les princes d’Allemagne , qui étoient alors reconnus
pour éledteurs ; fçavoir les laïques, les ducs d’Autriche,
de Bavière, de Saxe 8c deBrabant, c’eft-à-dire de
Louvain : les prélats, les archevêques de C ologne, de
Maïence & de Sàlsbourg. Ilsdevoient s’affemblerfculs
dans une ifle du Rhein, fans qu’il fût permis à perfonne
d’en approcher jufques à ce qu’ils fe fuffent accordez
pour l’éleétion.Le pape leur écrivit, les priant inftanu
ment d’élire un autre empereur, leur promettant fon
fecours-& celui de toute leglife, 8c les alfurant d’abord
de quinze mille marcs d’argent ; mais ces princes furent
quelquetems retenusparl’oppofitiondeFrideric,
principalement le duc d’Autriche fon allié.
L’empereur apprenant la nouvelle de fadépofition,
fut tranfporté décoléré, 8c dit en regardant de travers
les affiftans : Ce pape m’a dépofé dans fon concile
& m’a ôté ma couronne, d’oû lui vient cette audace
? Qu’on m’apporte mes caffewres. Et quand on les
eut ouvertes, il dit : V oïez fi mes couronnes font perdues.
Il en mit une fur fa tête, puisfe redreffa, & avec
des yeux menaçans &une voix terrible, il dit: Je n’ai
pas encore perdu ma couronne, & le pàpe, ni le concile
ne me l’ôteront point fans qu’il y ait du fang répandu.
Un homme du commun aura l’infolence de me
faire tomber de la dignité impériale, moi qui n’ai
point d’égal entre les princes. Ma condition toutefois
en devient meilleure : j’étois obligé de lui obéir en
quelque chofe, ou du moins de le refpeder ; maintenant
je ne lui dois plus rien.Et deflôrs il s’appliqua plus
fortement a faire tout le mal qu’il pourroit au pape,
en fes biens, en fes parens & en fes amis. Il.étoit
à Turin quand il apprit fa dépofition ; & d’abord il
retourna à Cremone, oû il régla les affaires de l’em pi- *
r e ; p u i s il paffa en diligence dans laPoüille,&envoïa An< 1 2 . 4 3 .
promptement fon fils Conrad en Allemagne.
Pour détourner les princes de lobéiffance du pape, Petr. de V in•
8c fe les rendre favorables, il leur écrivit deux lettres.
Dans la première il les exhorte à profiter de fon ?■ *?<-
exemple, & dit: Que ne deVez-vous point craindre
d’un tel pape chacun en particulier, s’il entreprend
de me dépofer, moi qui fuis couronné empereur de la
part de Dieu par l’éleétion folemnellc des princes &
l’approbation de toute leg life , 8c qui gouverne tant
d’autres grands roïaumes ? lui qui n’a droit d’exercer
aucune rigueur contre nous, quant au temporel, fup.
pofé même qu’il y en eût des caufes légitimes 8c bien
prouvées. Mais je ne fuis pas le premier que le clergé
a ainfi attaqué, abufant de fa puiffance, & je ne ferai
pas le dernier. Vous en êtes caufe obéiffant à ces hypo- >
crices, dont l’ambition eft fans bornes. Si vous vouliez
y faire attention, combien découvririez-vous dans
la cour de Rome d’infamies que la pudeur ne permet
pas même de réciter ? Ce font les grands revenus dont
ils fe font enrichis aux dépens de plufieurs Toïaumes,
qui les rendent infenfez : quçlle récompenfe, quelle
marque de reconnoiffance vous donnent-ilsppourles
dîmes & les aumônes dont vous les nourriffez ? Et en-
fuite: Necroïez pasque je fois abbatu par la fentence
du pape, la pureté de ma confidence dont Dieu
m’eft témoin, m’affure qu’il eft avec moi. Mon intcn>
tion a toûjoursétéde réduire les ecclefiaftiques,priai
cipalement les plus grands, à l’état où ils étoient dans
la primitive églife , menant une vie apoftolique &
imitant l’humilité de N. S. Ils voïoient les anges, ils
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