
A n . 1 145-
VI.
Erteurs condamnées.
Matth. Tarif,
p. 541.
18a H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
Pierre , qui tint le fiege de Noïon fix ans.
La même année 1143. les études aïant recommencé
aprèsla S. M ichel fuivant la coutume, on condamna
plufieurs erreurs avancées par les profeiTeurs de théologie,
principalement par les plus diftinguez entre
les freres Prêcheurs & les freres Mineurs, qui pouf-
foienttrop loin lacur iof ité# la fubtilicé de leurs recherches.
Pour y remedier les prélats affemblez fe
tenant à l’autorité des faintes écritures condamnèrent
les dix articles fuivans. 1. L'eifence divine n’eft vûë en
foi, ni par l’homme glorifié, ni par l’ange. 2. Quoique
l’effence divine foit la même dans le Pere & le Fils
8c le faint Efprit, toutefois en tant queforme elle n’eft
pas la même dans le S. Efprit comme dans le Pere &
ieFilsprisenfembIe.3. LeS. Efprit en tant qu’amour
ou l ien, ne procédé pas du Fils, mais du Pere feul. 4.
Lesames ni les corps glorifiez , même la fainte V ie r g
e , ne feront point dans le cielempyré avec les anges,
mais dans le ciel aqueuxou criitalin au-deffus du
firmament. 5. Lemauvai^ange a été mauvais dès le
premier inftant de fa création. ¿.Plufieurs veritez ont
été de toute éternité qui n’étoient pasDieu. 7. Un ange
peutêtre dans le même inftant en divers lieux, 8c
meme par tout s il vouloir. 8. Le premier inftant, le
commencement, la création 8c la paflion ne font ni
le créateur ni la créature. 9. Le mauvais ange n’a jamais
eu dequoife foutenir, non plus qu’Adam dans
l ’état d’innocence. 10. Celui qui a de meilleures’dif-
pofitions naturelles aura néceifairement plus de grâce
8c de gloire.
Les prélats en condamnant ces erreurs excommunièrent
ceux qui les foûtiendroient , 8c oppoferent à
chacune
L i v r e L . X X X I I . 281
chacune la vérité contraire que l’on devoit croire.
C ’eft ainfi que Matthieu Paris rapporte la chofe ; mais
on trouve ailleurs, que dès l ’an 1240. Guillaume évêque
de Paris condamna les mêmes erreurs trouvées
dans quelques écrits , aïant aifemblé pour cet effet
tous les doéteurs qui enfeignoient à Paris. Ce qui
n’empêche pas qu’elles nepuiffent avoir été condamnées
trois ans après dans une plus grande affemblée;
Dans le même tems s’émut une difpure de préférence
entre les deux ordres mendians. Les freres Prêcheurs
diioient : Nous fommes les premiers, nous
portons un habit plus honnête , nous fommes defti-
nez à la prédication qui cftle miniftere apoftolique,
8c nous en portons le nom. Les freres Mineurs répon-
doient : Nous avons embraffé pour l’amour de Dieu
une vie plqs auftere 8c plus humble, 8c par confequent
plus fainte : d’où vient que l’on peut paffer de votre ordre
au notre , comme à une obfervance plus étroite.
Lesfreres Prêcheurs repondoientrlleft vrai que vous
allez nuds p ieds, mal vêtus 8c ceints de cordes, mais il
ne vous eft pas défendu comme à nous de manger de
la v iande, meme en public, 8c de faire meilleure che-
re. C ’eft pourquoi nous ne convenons pas qu’il foit
permis de paffer de notre ordre au vôtre : c’eft plutôt
le contraire.
Matthieu Paris qui rapporte cette difpute ajoute de
fon chef: Elle produifit un grand fcandale, aufli-bien
que ladivifionentre les T emp l ie r s# les Hofpicaliers
dans la terre fainte-, 8c celle des freres Mendians eft
d autant plus dangereufe à toute l’églife , qu’ils font
gens de lettres 8c appliquez à l’étude. C e qui eft trifte, <
£ eft que l’ordre monaftique n’eft pas tant déchu du-
Tome x r i l , N n
A n. i 143,
Bitl.P P .P a rif.
to. 4. p. 1141,
V I I .
Pla/nteseontr®
les religieux
Mendians.
Matth. Tarif,
p. 540.