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| - une fermeté inébranlable, & à mourir, s’il eft befoiri,
A n . 1 1 4 ; . nous & nos freres, en combattant pour la caufe de
Dieu & de fon églife. Les moines de Cifteaux aïant
reçu cette lettre, deteftoient le parti de Frideric &
s’attachoient fortement à celui du pape , priant Dieu
pour la confervationde l’églife. Or leur autorité étoit
encore grande dans le monde,
xxxiu. Dès le mois d’Août 1143. PaPe a prier« <te S.
croiôd- en taa £ou’s avoit envoie à Paris en qualité de legar Eudes
Dxchefne ^ Q[-,^teauroux cardinal évêque d cTufculum & fuc-
Mattk rwf t- ceffeur de Jacques de V itr i. Eudes étoit François nat
i f de Châteauroux en Berri &c avoit été chanoine &
chancelier de l’églife de Paris. Le fujet de fa légation
étoit d’exhorter la nobleffe de France à la croifade,
pour le recouvrement de Jerufalem occupée par les
Corefmiens. Quand il fut arrivé le roi tint à Paris un
grand parlement dans l’odtave de la S. Denis, e’eft-
à-dire vers la m i-O & o b r e , où fe trouvèrent plufieurs
prélats &c plufieurs barons de France. Là à l'exhortation
du légat &c du roi fe croiferent Juhel archevêque
de Tours , Philippe archevêque de Bourges , Robert
évêque de Beauvais, Garnicr de Laon, Guillaume
d’Orlcans , Robert Comte d’Artois frere du roi ; Hugues
de Châtillon comte de S. Paul & de B lo is , Gaucher
fon neveu, Jean comte de Bar, Pierre comte de
Bretagne, Jean fon fils, Hugues comte de la Marche,
Jean de M on tfo r t, Raoul de C o u c i , & plufieurs autres
tant clercs que laïques qui fe croiferent à diverfes
fois.
xxxiv. L ’empereur Frideric envoïa cependant en France
Frifcu Vs.ai»t Pierre des Vignes & un clerc nommé Gautier d’O crc
ayeç ¡jne lettre où il difoit : Le pape & quelques-uns
de fes predeceffeurs nous ont donné de juftes fujets de -
plaintes,à nous & à plufieurs autres princes, en s’attfi- A n. 114/.
buant l’autorité d’inftituer & deftituer de leurs états wcang. fm
les empereurs, les rois & tous les feigneurs temporels,
& d’abfoudre les vaifaux du ferment de fidélité, pour-
vû qu’il y ait feulement une fentence d’excommunication
prononcée contre les feigneurs. De plus s’il arrive
conteftation entre les feigneurs & les vaffaux, ou
entre deux feigneurs voifins, le pape à la requifition
d’une des parties interpofe fa médiation, voulant o b liger
l’autre à comprometre entre fes mains malgré elle,
ou bien il prend le parti de l ’u n e , pour contraindre
l’autre à faire la paix. Enfin fur la demande des particuliers
il retient ou renvoie au tribunal ecclefiaftique
les caufes temporelles & feodales, au préjudice de la
jurifdiétion feculiere.
C ’eft pour montrer ces entrepriiès par des preuves
évidentes, & pour y remedier,que nous envoïons
Pierre des Vignes & Gautier d’Ocre au roi de France
nôtre très-cher ami, le priant inftamment d’affembler
en fa prefence les pairs laïcs & les autres nobles de fon
roïaume, pour écouter nos raifons fur ce fujet. S’il ne
veut pas fe charger de cette affaire, nous le prions de
nous la laiffer pourfui vre, fans s’oppofer à nous, n i permettre
qu’aücun de fes fujets s’y oppofe, & ne donner
aucun fecours au pape contre nous durant la prefente
conteftation. Mais fi le roi juge à p rop os , comme il ,
eft digne de lu i , d’emploïer fa médiation , d’engager
le pape à reparer ces torts & en particulier à révoquer
ce qu’il vient de prononcer contre nous au
concile de L io n , nous voulons bien pour l’honneur de
Dieu & l’affeékion finguliere que nous portons au roi
V u ij