
~ n i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ne devoient point fe preffer de partir inconfidere-
ment fans l’avoir àleur tête ; & ils leur rendirent les
lettres qu’il leur écrivoit fur ce fujet, contenant fes
excufes de ce qu’il ne paffoit pas encore. Ces oppofi-
tions du pape & de l’empereur reduifirent les croifez
a un très-facheux état; ils ne favoient quel parti pren-
Ric.s.Gcrm.p. ^r e ’ & i lsn’étoient plus unis. Plufieurs retournèrent
i o ; i . chez eux,murmurant contre les prélats qui les avoient
A lbe ric. I i j 9* v \ r » t p.5iu engagez a cette entreprile; pluiieurs s enibarquerenc
àiMarfeille avec le roi de Navarre , qui partit de ce
port au mois d’A o u t , & paffa à la Terre-fainte ; &
plufieurs de ceux-là demeurèrent en Sicile attendant
les grands qui devoient venir au prin.tems: plufieurs
fe rendirent à Brinde&par la permiffion de l’empereur
Frideric.
L a f a t a f l o u . L ’empereur de C. P: Baudouin de Courtenai étoit
ronneapportée encore en France, où-ilaffembloit tout ce qu’il pouà
Paris* . 1 . /- ^ ¿ L
voit dé croilez pour palier en Romanie. Pourlubve-
A lb e r iç . p» 571» . r • 1 r •• 1 r t
phii. Mou/ques. mr aux rrais de ion voiageôc de la guerre contre les
vlciniehift. Grecs, il engagea fon comté de Namur au roi faint
c .f . u v . iy . n . Loiiisjdont il étoit parent, pour cinquante mille livres
Parifis, 8c lui donna la couronne d’épines de N. S¡
w f l . sufcept. engagée aux Vénitiens. Il dit donc au roi & à la rei*-
Cor• Sp• TTuchef- \ r t r - • • t *■
n e to .5.p . 400. ne blanche la mere: Je içai certainement que les fei-
d» cange g neurs enfermez dans C P. font réduits à une telle extrémité
qu’ils feront obligez de vendre la fainte couronne
à des étrangers, ou du moins la mettre en gage.
C ’efl: pourquoi j e défire ardemment de vous faire pafi-
fer ce précieux tréfor , à vous mon coufin , mon fei-
gn eu r& mon bienfai&eur Se au roïaume de France
ma patrie. Je vous prie donc de vouloir bien la recevoir
en pur don. Baudouin parloit ainfi craignant
que le roi ne fift confcience d’acheter une telle relique An. i 23 9.
à prix d’argent. Le roi fort réjoüi de cette propofi-
tion rendit beaucoup de grâces à Baudoiiin 8c accepta
la donation; c’é toiten 1238.
Aulfi-tôt il envoïa à C. P. deux freres Prçcheurs-
Jacques 8c André pour l ’execution de l ’affaire. Jacques
étoit prieur du convent de fon ordre à C. P. avoit
fouvent vû la faiutc couronne, 8c étoit bien inftruit
de ce qui la concernoit. L’empereur Baudoiiin fit
partir avec eux un envoïé chargé de fes lettres patentes
, par lefquefies il ordonnoit aux feigneurs de délivrer
la fainte couronne aux envoïez du roi. Etant'
arrivez à Conftantinople ils trouvèrent que les barons
de l’empire preffez d’une extrême necefiné avoient
engagé la fainte couronne aux- Vén i t ien s , pour une
1» y -I . . r 11 IHI
grande femme d argent, a condition que ii elle n ctoit
retirée dans laS.Gervais,c’eft-à-dire,le dix-neu-
viéme de Ju in, elle demeureroit aux Véni t iens, l’engagement
étant converti en vente; 8c que cependant
la relique feroit tranfportée à Venife. Les barons de
C. P. aïant lû les lettres de l’empereur leur maître ,
convinrent avec les Vénitiens que les envoïez du roi
S. Loüis porteroient la relique à Venife avec des am~
baffadeurs de l’empire & des plus grands de leurs ci-
toïens. La caiffe qui contenoit la relique fut feellée
des féaux des feigneurs François de C. P. Ceux qui la-
portoient y avoient tant de confiance qu’ils s’embarquèrent
vers Noël de l’année 1238. dans lafai fonla
moins propre à la navigation; 8c Vatacel’empereur
Grec averti par fes efpions de cette tranflation, avoit
envoïé plufieurs galeres auxdifferens détroits-où lés
François devoient paffer. Toutefois .il n&ieur arriva.
D e ii j