
400 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
-------------Afcelin inftruit des artifices du Tartare répondit s
A n . 12.47. Mon maître ne m’a pas envoie au Can qu’il ne con-
noît p o in t , mais à la première armée de Tartarcs
que je rencontrerois. Je n’irai donc point au Can 5
& fi votre maître ne veut pas recevoir les lettres
du pape 3 je retournerai vers lu i, & lui rendrai compte
de ce qui s’eft .paffé. Les Tartarcs ajoutèrent : De
quel front ofez-vous avancer que le pape eft le plus
grand de tous les hommes ? Qui a jamais oüi dire
que votre pape ait conquis au tan t, & d’auifi grands
roïaumes que le Can en a co n q u is , par la concef-
fion de Dieu dont il eft le fils J Le Can eft donc
plus grand que votre pape &c que tous les hommes î
Afcelin répondit : Nous difons que le pape eft le plus
grand de tous' les hommes en dignité , parce que le
Seigneur a donné à faint Pierre & à fes fuccefleurs
la puiffance univerfelle fur toute l’églife. Il s'efforça
de fatisfaire plus amplement à la queftion des Tar-
tareis par plufieurs exemples Si plufieurs raifons ,
qu’ils ne comprirent p o in t . parce qu’ils étoient trop
brutaux. Mais, il neiparoît pas qu’il leur ait dit ce
qui étoit le plus propre à les appaifer, que la puiffancç
du pape eft toute fpjrituelle , &c ne regarde point les
chofes temporelles; '
f. 47.4g.4,. On traduifit erifuite les lettres du pape en Pôr-
fan ! & de Perfan en Tartare , afin qup-Baïothnoi
pût les entendre-;. & les fieres. demandèrent fit ré-?
ponfe ; mais ils furent plus de deux! mois à-J’at-*
. tend re , étant traitez comme :des miferables avec
le dernier mépris. On les laifloit à la porçe de fà
tente depuis I I matin jufqucs à midi ou plus tard |
L i v r e q u a t r e -v i n g t -d e u x i e ’m e .’ 401
éxpofez à l’ardeur du foleil pendant le mois de Juin —
& de Juillet, & fouvent on ne daignoit pas m.ê- An
me leur parler. Enfin ils obtinrent leur congé le
jour de faint Jacques vingt-cinquième de Juillet,
& Baïothnoi dépêcha avec eux fes envoïez char-r.fo;
gez de fa lettre pour le pape & de celle du Can
à lu i , qu’ils nommoient la lettre de Dieu. La lettre
de Baïothnoi portoit : Voici la parole de Baïoth- f.ft;
noi envoie par l’authorité divine du Can, Sache,pape,
que tes nonces font venus & ont apporte tes lettres.
Ils ont dit de grandes paroles : nous ne favons fi
c’eft par ton ordre ou d’eux-mêmes. Tudifois dans
tes lettres : Vous tuez Si faites périr bien des hommes.
L’ordre que nous avons reçu de Dieu & de celui
qui commande a toute la face de la terre eft tel.
Quiconque obéira au commandement, qu’il demeure
dans fon païs Sç dans fes biens, & livre fes forces
au maître du monde ; ceux qui n’obéïront pas, qu’ils
foient détruits. Si vous voulez demeurer dans votre
païs & dans vos biens, il faut que toi pape viennes
à nous en perfonne & au maître de toute la
terre ; & avant que tu viennes il faut que tu envoies
des nonces, pour nous faire favoir fi tu viendras ou
non : & fi tu veux traiter avec nou s, ou être notre
ennemi. La lettre du Can n’etoit qu une cominif- c.
fion à Baïothnoi au nom d.e Ginguiz-can, pour faire
reconnoître fa puiffance par toute la tene, Voila
quel fut tout le fruit des travaux &c des périls ou
s’expoferent ces zelez millionnaires. Le voïage de frere
Afcelin fut de trois ans & fept mois avant qu'il r«h
vînt près du pape,
, Tome JÇV'If, E e e