
JZ/4 -
t- H®
498 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Après ledefordre arrivé le carême paffé,nous promîmes
tous d'en pourfuivre la réparation , excepté
les freres Prêcheurs qui regentoient alors ; & ils
refuferent d’entrer dans cet engagement, iï nous ne
leur accordions les deux chaires de théologie à perpétuité.
Ce que nous ne pûmes leur accorder ; 8c
il n’étoit pas alors queftion de leurs écoles , ni des
nôtres, mais de la réparation de l’injure que nous
avions reçue. Leur refiftance fut caufe que cette
réparation fut retardée pendant fept femaines 8c nos
leçons interrompues autant de temps. Cependant
pour prévenir une pareille révolte de la part des autres
doéteurs, nous fîmes encore un ftatut, portant
qu’aucun ne feroit admis au do&orat , qu’il
ne jurât auparavant d'obferver nos conftitutions.
Les freres Prêcheurs refuferent encore d’y confen-
tir , fi nous ne leur accordions les deux écoles ; &
nous en vertu d’une conftitution du pape,qui nous
en donnoit le pou voir,les déclarâmes excommuniez
& féparez de notre corps : ce que nous fîmes publier
félon notre ufage par toutes les écoles.
Alors les freres Prêcheurs oubliant leur ancienne
humilité 8c nos bienfaits, comencerent à nous diffamer
& à nous traiter de perfécuteurs de la pieté & de
tous les religieux -,8c nous accuferent devant lecom-
te de Poiriers 8c les grands de fa cour, d’avoir fait
des ftatuts contre Dieu 8c l’églife univerfelle , 8c
des confpirations contre l’honneur du roi & le bien
du roïaume. Puis s’adreflant au pape & aux cardinaux
, fans qu’il y eut perfopne de notre part, ils
ont obtenu par leurs menfonges 8c leurs calomnies
, une commiilion au venerable évêque d’EL
lV R E QUATRE-VINGT-TROISIË*ME. 4 99
vreux, pour nous exhorter à les recevoir dans notre
corps, fauf nos ftatuts fufdits, jufqu’à ce que
le pape mieux informé en ordonnât autrement.
Pour l’execution de ce refcrit ils ont fait fubdelc-
guer par le même évêque maître Luc chanoine de
Paris : qui fans nous appeller en jugement ni entendre
nos défenfes, fans avoir égard à notre appel,
en vertu d’un fécond refcrit du pape à lui adreifé ,
a fufpendu de leurs fonétions tous les doéteurs en
théologie,en droit 8c en medecine,& tous leurs écoliers
; & fait publier cette fufpénfe dans toutes les
paroiffes de Paris au grand fcandale des laïques.
Or comme nous faifons publier une fécondé fois
par toutes les écoles notre décret de feparation à
caufe des nouveaux écoliers qui furviennent de jour
en jour , nos bedeaux vinrent à l’école des freres
Prêcheurs, 8c un d’eux commença à lire le décret.
Mais les freres qui étoient là en grand nombre, fe
jetterentfur les bedeaux avec de grands cris, & les
aïant chargez d’injures , arrachèrent le papier des
mains de celui qui le lifo it , 8c en frappèrent un
jufques a effufîon de fang. Le re&eur y vint lui-
même avec trois maîtres ès arts : mais il ne fut pas
mieux reçu , & s’en retourna fans rien faire. De
plus ils ont extorqué de maître Luc une lettre
contenant que quelques-uns de nos doéteurs 8c
de nos écoliers, jufques au nombre de quarante
avoientconfentien fa prefence à les admettre dans
notre corps. Mais cette lettre aïant été lûë publiquement
devant nous, ceux qui y ont été nommez
ont nié le fait : en forte que maître Luc hom-
teux de l’avoir donnée, en a lui-même rompu le