
N . 1 2 4 0 . j e s r e c u f e r p O U r juges : d’autant plus que ces prélats
& leur roi même ont prêté ferment de fidélité au pap
e , & non à moi ni à l’empire. Le pape attend l’argent
qu’il prétend tirer de France & principalement
d’Angleterre , 8c il a promis de le donner à mes ennemis
, ce qui les rend plus fiers. Enfin ils auront le
tems de refpirer pendant la durée du concile, qui fera
peut-être longue -, 8c de fe fortifier par la protection
au pape.
En même tems Frideric fit publier une lettre fans
nom par forme d’avis charitable pour détourner les
sut«*.. mfceiL prélats d’aller au concile. Vous d e v e z ,d i t - i l , confite,
i.f. 4j$. ¿jerer jes perils dont vous êtes menacez fur terre 8c
fur mer , 8c a Rome même quand vous y feriez arrive
z . Je ne parle point des périls de terre où la mort
eft comme certaine 8c le palfage impoffible : mais con-
f iderezceuxdelamer . Là-deflus l’auteur de la lettre
s’étend fur un grand lieu commun, qui prouvant trop
ne prouve r ien, puifqu’il tend à détourner en général
de toute navigation. Puis il ajoute parlant de Fri-
deric: Ce cruel tyran puiifant fur la terre & fur mer
a fait publier u n é d i t , portant que fi quelqu’un femet
en chemin contre fa aéfenfe il ne fera en ieureté ni
de fa v ie ni de fes biens. Qui ofera donc s’expofer à
la fureur de cet homme fans mifericorde ôc fans f o i ,
ce fécond Herode en cruauté , cet autre Néron en
impiété : maître de tous les ports d’Italie hormis de
G e n e s , prêt à raifembler quantité de galeres montées
d’une multitude de pirates ? 8c s’il vous prend une
fois , comment vous épargneroic- il, lui qui'retient
fon propre fils en prifon ? L ’auteur reprefente enfuite
les périls du féjour de Rome , la divifion descitoïens
L i v r e L X X X I . 247
& leurs vices, la chaleur, le mauvais air , les maladies :
la difficulté du retour auffi grande que celle du premier
voïage, au lieu que le pape qui les appelle demeure
toujours chez lui fans courir aucun danger.
Puis il vient à la caufe de la convocation. Le pape
dit que c’eft pour les affaires importantes de l’églife,
ôc perfonne n’ignore que c’eft pour fon différend avec
l’empereur i mais comme il a excité cette tempête fans
vous confulter, il peut l’appaifer de même , ou s’il a
befoin de votre confeil, il peut le demander par lettre
ou par un lé g a t , fans vous expofer à tant de périls.
On voit bien que voulant pouffer à bout ce princ
e, le dépofer 8c mettre un autre empereur à fa place,
il veut que vousfoïez les inftrunaens de fa vengeance,
8c que vous entriez en part des grandes dépenfes
nécefïaires pour l’exécution. Or c’eft cequi n’eft pas
raifonnable, puifque vous n’ avez point eu de part ai$
commencement de l’entreprife , 8c ce feroit fous prétexte
d’obéï.iTanoe vous engager à une perpétuelle'
fervitude..
Le pape Grégoire craignant l’effet de cette oppofi-
tion de Frideric , écrivit une lettre circulaire a tous
lès évêques : par laquelle il leur ordonne de ne point’
avoir égard à-ces menaces, de préférer Dieu à l’homme,
8e fe rendre à Rome au terme prefcrit malgré
toutes les difficultez : promettant de pourvoira tout
cequi feroit neceffaire pour l’exécution de cette grande
affaire. La lettre eft datée de Rome le quinzième
d’Oétobre. Les prélats de France obéirent au pape 8c
fe mirent en chemin avec le légat Jacques cardinal
evêque de Paleftrine : mais étant arrivez à Vienne
en Daufiné ,.ils n’y trouvèrent ni barque pour les
A n. i M0-
?■ 4« ?
ap. Rai/t. n. ¿yy
to. p*-
HH
f Nartg. Gefta pv
33 î*