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Duboulai. p.
!▼. epifl 10. ap.
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8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
milieu, elles dégenerenc en vices : car fans la fageiTe,'
la puiffance devient infolente, &c la bonté imbecille.
Le pape conclut en exhortant le roi & la reine à écouter
favorablement les trois commiifaires qu’il a nommez
, Sc executer promptement leurs confeils. De
f>eur, ajoûte-t-il, que vous ne fembliez avoir rejette
a fageiTe & la bonté, fans lefquelles la puiflance ne
peuc habiliter; & ne pouvant fouffrirque vôtre roïau- .
me perde cette gloire, nous ferions obligez d’y pourvoir
autrement. Le pape écrivit auffi à Guillaume
d’Auvergne évêque de Paris, le rèprenant vivement
de ce qu’il fomentoit la difcorde. Car c’étoit de lui
principalement que les doéteurs de Paris s’ctoient
plaints au pape : difant qu’au lieu de les protéger comme
i ld e v o i t , il les avoït abandonnez. En effet, l’é-
vêque, le chancelier &c le chapitre de Paris, fouf-
f roientavecpeineles bornes que l’univerf itévouloit
mettre à leur jur i fdiét ion, Sc auroit mieux aimé
qu’ elle fût transférée ailleurs : auffi s’oppoferent-ils
long-tems à fon récabliiTemenr.
Le pape voïant que l’affaire n’avançoit point, écrivit
l’année fuivante 1130. aux doéteurs de Paris de lui en-
voïer quelques-uns des leurs pour y travailler efficacement.
Cependant le cardinal Romain légat 5e l’evê-
que de Paris publioient des cenfures contre les abfens;
ôe l’archevêque de Sens dans un concile provincial
ordonna,que ceux qui s’étaient retirez en confequen-
ce de leur ferment feroient privez pendant deux ans
des fruits de leurs bénéfices ; & ceux qui n’en avoient
point , déclarez indignes d’en o b teni r , s’ils nereve-
noient dans le. rems prefcrit. Le roi donnoit auffi
des ordonnances contre eux. Les doêteursque l’univerfité
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yerfité envoïa fuivant l’ordre du pape, furent Geofroi
de Poitiers & Guillaume d’Auxerre , qui lui demandèrent
un règlement pour leur fervir de loi après
leur rérabliffement, 5id e prefervatif contre de pareils
inconveniens. Ils négocièrent fi bien qu’ils obtinrent
du pape Grégoire une bulle adreffée aux maîtres &
aux ecoliers de Paris , Sc datée du treizième d’Avr i l
1231. qui commence ainfi.
Paris la mere des fciences eft un autre Cariath-fe-
pher la ville des lettres : c’eftle laboratoire où la fa-
geffe met en oeuvre les métaux tirez de fes mines :
1 or & l’argent dont elle compofeles ornemens de l’é-
g l i fe , le fer donc elle fabrique fes armes. Venant au
fu je t , le pape donne ces reglemens. Le chancelier de
l ’églife deParis entrant en charge j urera devant l’évêque
en prefcnce de deux doéteurs pour l’univerfité ,
qu’i lne donnera la licence deregenter en théologie
ou en decrec qu’à des hommes dignes , fans acception
de perionnes ni de nations ; & avant que de donner la
licence il s’informera foigneufemenc des moeurs, de
la doôtrine & du talent de celui qui la demande. Les
doéteurs en théologie ou en décret,avant que de commencer
leurs leçons, j ugeront de rendre fidele témoignage
de ce que deflus. Le chancelier jugera d’examiner
de même les phyficiens & les artiftes. Nous
Vous donnons pouvoir , ajoûtc-t-il, de faire des reglemens
touchant la maniéré & l’heure des leçons des
bacheliers, la taxe des logemens , la correction des
rebelles. Que fi on vous faifoic quelque infulte notable,&
que dans quinze jours on ne vous donnât pas
iatisfaétion : il vous fera permis de fufpendre vos leçons
, j ufques à ce que vous l’aïez reçue.
Tome X F L l. B
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