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ce de Gautier archevêque de Sens, des évêques de
Paris Si de Senlis, & de frere Geofroi de Blevel de
i 'iH' l’ordre des Prêcheurs, chapelain du pape, Si alors
doéteur rcgent à Paris , de quelques autres docteurs
en théologie, Si des doéteurs même des J u ifs , qui
reconnurent que ces propofitions étoient dans leurs-
i j*7, livres. Ils avouèrent celles-ci entr’autres, Que dans
leurs écoles on eftimoit plus l ’étude du T a lm u d ,
que celle de la Bible ; Si qu’on n’appelleroif point
doéteur celui qui fauroit la Bible par coe u r , s’il ne
fa voit lé Talmud. Que les docteurs pourroient fe
difpenfer du commandement de fonner de la trompette
le premier jour du feptiéme mois, Si de porter
des palmes le quinzième , i l ces: jours arri-
voient au fa b a t , de peur de’ le profaner en portant
par les rues une trompette ou une palme.
?-J88 Que Dieu fe maudit trois fois toutes les n u its ,
pour avoir abandonné £bn tem ple , Si réduit les
Juifs en férvitude. Qu’aucun J u if ne fentira le feu
d’en fe r , ni aucune peine en l’autre m on de ,.p lu s
de douze mois. Les corps Si les ames de tous les
méchans feront réduits en poudre , & ne fouffriront
plus d’autre p e in e , excepté ceux qui fe font révol-
t-sb- tez contre D ie u , Si ont voulu être Dieux.,, l’enfer
de ceux-la fera éternel. Dieu tient école tous
les jours en inftrifant des enfans, & fe jouë avec
Leviathan.
A ian t foigneufement examiné ces livres des Juifs,
on reconnut qu’ils les é loignoient, non feulement
du fens fpirituel de l’écriture , mais encore du fens
litté ra l, pour la détourner à des fiétions Si à des
fables. Après cet examen, Si fuivant la délibera--
t ■ S * î -
to. I I . ep. I f. f y
.Rain. 1344* n°
4i.
L i v r e q u a t r e - v i n g t - t r o i s i e ’me 42,1
lion de tous les doéteurs en théologie Si en droit canonique,
tous les livres des Juifs que l’on put recouvrer
alors de toute la France furent brûlez, jufqua
la quantité de vingt chartées, quatorze en un jour &
fix en un autre.
Le pape Innocent IV . étant monté fur le faint fie-
g e , écrivit au roi faint Louis fur ce fujet le onzième
de Mai 1 14 4 . louant le zele qu’il avoit déjà montré
, Si l’exhortant à continuer de faire' examiner,
condamner Si brûler par tout fon roïaume, les livres
des J u ifs , qui contenoient des erreurs Si des
blafphêmes. Enfuite le même pape donna une com-
mimon plus particulière au cardinal E ude s, fon légat
en France , qui étant chancelier de l’églife de
Paris, avoit eu part à cette condamnation. Il lui
ordonna de fe faire reprefenter le Talmud , Si les
autres livres des Juifs 8i après les avoir examinez
foigneufement, les tolerer en ce qui ne feroit point
contraire à la religion Chrétienne, Si les rendre aux EcWrf. p.j-jw
doéteurs des Juifs. Sur quoi le cardinal craignant
que le pape ne fe laifsât furprendre à leurs artifices
Si à leurs menfonges, lui écrivit une lettre , où
il expofe tout ce qui s’étoit paffé en cette affaire
fous Grégoire IX . puis ilajoûte : C e feroit un grand
fcandale , Si un opprobre éternel pour le faint fie-
ge , fi on toleroit par fon ordre ,, Si fi on rendoit
même aux doéteurs des Juifs des livres brûlez fi
juftement & fi folemnellement, en prefence de l’u-
n iv e r fité , du clergé Si du peuple de Paris. Cette
tolérance paroîtroit une approbation ; c a r ,. comme
dit faint Jerôme , il n’y a point de fi mauvaifer
«doétrine qui ne contienne quelque v é r ité , Si tou-
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