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4 1 1 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
■ 3 tefois les livres des hérétiques ont été condamnez
A n . 1148. par l’autorité des conciles, nonobftant ce qu’ils con-
tenoient de bon. J’ai demandé auxdoéteurs des Juifs
de me reprefenterle Talmuld, & tous leurs autres
liv re s , & ils m’ont feulement apporté cinq méchans
volumes que je fais foigneufement examiner, fuivant
votre ordre.
Enfin le légat donna fa fehtence définitive à Paris
le quinzième jour de Mai 1148. en prefence des
doéteurs appeliez exprès. Elle eft conçûë en ces termes
: Après que certains livres nommez T a lm u d ,
nous ont été reprefentez de l ’autorité du pape, par
les Juifs de France, nous les avons examinez & fait
examiner par des hommes capables & craignant
Dieu ; & nous avons trouvé qu’ils contiennent une
infinité d’erreurs, de blafph'êmes & d’abominations ;
c ’eft pourquoi nous prononçons que ces livres ne
doivent point être tolerez ni rendus aux Juifs, &
nous les condamnons judiciairement. Quant aux autres
livres que les doéteurs des Juifs ne nous ont pas
reprefente z, quoiqu’ils en aïent été plufieurs fois
requis, ou qui n’ont pas été examinez, nous en
connoîtrons plus amplement en tems & lie u , &
ferons ce que de raifon. Enfuite font les noms de
ceux dont le légat avoit pris les avis pour rendre
cette fentence, & qui y mirent leurs féaux ; à fa-
v o ir , Guillaume évêque de Paris, Afcelin abbé de
5. V ié to r , Raoul ancien abbé du même monaftere ,
& quarante autres tant doéteurs en théologie fecu-
liers ou réguliers, que doéteurs en décret ou dignité
de chapitres.
M74, Pour parvenir 4 l’examen du T a lm u d , on cm»
L i v r e q ü a t r e - v i n g t - t r o i s i e ’m e . 4 i J
ploïa deux interprètes Catholiques qui favoient par- -
faitement l’H ebreux, & qui traduifirent en Latin A n . 1248.
les pacages qu’il falloit extraire, s’attachant tantôt
aux paroles, tantôt au fens. O n voit par la maniéré
dont ils expriment les mots hebreux en lettres latines
que la prononciation des Juifs étoit différente
de celle d’aujourd’hui. Je trouve auifi dans Matthieu
Paris, un doéteur nommé Robert d’Arondei très- fRL;
favant en Hebreu , dont il avoit fait plufieurs ver-
fions fidelles en L a t in , qui mourut en 12.4 ¿ .A in f i
l’on voit que cette étude n’étoit pas tout-à fait négligée
parmi les Chrétiens.
Le jour du départ de faint Louis fut le vendredi v n -
v 1 r» a i •/ 1 _ . S. Louis part pour
après la Pentecôte, douzième de Juin 1 1 4 8 . C e jour- laterre-fante.
là il alla à faint Denis, accompagné de Robert com- chr' s' T>ion'
te d’A r to is , Sc de Charles, comte d’Anjou fes freres ; * 8'5’
& y reçût de la main du légat Eudes de Châteauroux
l’O riflâme, qui étoit la banniere de I’ab ba ïe ,
la gibeciere &c le bourd on, qui étoient les mar- s*«,,. ^
ques de pelerin : Enfuite il prit congé de la communauté
dans le chapitre. Il revint à Paris, où plu- Geji* d»*;«.
fieurs procédions de la ville l ’accompagnerent juf- f ' u6'
ques à l’abbaïe faint Antoine ; & dê-là il partit pour
fon v o ïa g e , fuivi du léga t, des deux comtes fes
freres, & de grand nombre de feigneurs & d’évêques.
Alfon fe comte de Poitiers, troifiéme frere du
r o i , étoit auifi croifé ; mais il demeura encore cette
année en France avec la reine Blanche leur mere,
pour la garde du roïaume ; la reine Marguerite fuivit
au voïage le roi fon époux. Depuis ce temps-là
le faint roi garda toûjours^ une grande modeftie en
fes habits. Il renonça aux couleurs votantes, aux