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1,8. Juin.
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310 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
rnença les litanies, le pape dit l'oraifon du faint Efprit.
Puis il prononça fon fermon, dont il prit pour lujet
les cinq douleurs dont il étoit affligé, comparées aux
aux cinq plaies de N. S. La première étoitle dérèglement
des prélats 8c de leurs peuples : la fécondé l’info-
lence des Sarrafins : la troiiléme le fchifme des Grecs :
la quatrième la cruauté des Tartares : la cinquième
la perfécution de l’empereur Frideric. Il s’étendit
fur ce dernier p o int , 8c repréfenta les maux que ce
prince avoit faits à l’églife 8c au pape Grégoire fon
prédecelfeur. Ileft v ra i , ajoûta-t-il,que dans les lettres
qu’il envoie par le monde il dit publiquement,
qu’il n’en veut point à l’églife , mais à la perfonne:
or le contraire paroît manifeftement, en ce que pendant
la vacance du faint fiége , il n’a point .ceffé de
perfécuter l ’églife.
Le pape finit fon fermon par les reproches perfon-
nels contre Frideric , qu’il accufbit d’herefie ôc de fa-
crilege. Entre, autres d'avoir bâti une ville nouvelle
en Chrétienté qu’il avoit peuplée de Sarrafins : d’avoir
contracté amitié avec le fultan d’Egypte 8c d’autres
princes infidèles, 8c d’entretenir des concubines de
la même nation. Enfin il l’accufoit de parjure 8c d’avoir
plufieurs fois manqué à fes,promeffes ; 8c pour
preuves de ce dernier article il fit lire plufieurs pièces.
Premièrement, une bulle icellée en o r , accordée au
pape Honorius par Frideric lorfqu’il n’é.toit encore
que roi de Sicile, portant qu’il lui avoit prêté ferment
de fidélité comme fon vaffal ; 8c un autre par laquelle
reconnoiffant encore qu’il tenoit en fief du S. fiege le
roïaume de Sicile, il cedoit Sc quittoit tout le dro'.t
qu’il pouvoir avoir aux éledions des .églifes de ce
roïaume
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roïaume, 8c les déclaroit franches de toute redevance.
Le pape fit lire plufieurs autres bulles d’o r , par lef-
quelles Frideric tant comme roi que comme empereur
donnoit 8c confirmoit à l’églife Romaine la Marche
d’A ncone , le duché de Spolete, la Pentapole, la
RomagneSc les terres de là comteife Mathilde.
Alors Thadée de Sueife fe leva d’un air intrépide
au milieu de l’aifemblée, produifit dés bulles des papes
, qui paroilfoient fervir de réponle aux reproches
du pape ; mais aïant bien examiné les, unes 8c
les autres bulles, on trouva qu'elles n’étoient point
contradidoires, parce que celles du pape étoient con-
ditionelles,8c celles de l’empereur abfoluës, 8c il parut
clairement qu’il avoit manqué à fes promeiTes. A quoi
Thadée s’efforça de répondre, montrant des lettres du
pape, dont il prétendoit qu’il n’avoit pas exécuté le
contenu; 8c en concluoit que l’empereur n’avoit pas
été non plus tenu de fes promeffes. Quant au reproche
d’herefie il dit en regardant l’affemblée : Seigneurs,
perfonne ne peut être éclairci fur cet article fi important
, à moins que l’empereur mon maître ne foitpré-
fent, 8c ne déclare de fa bouche ce qu’il a dans le coeur.
Mais je donne un argument probable qu’il n’eft point
heretique; c’eft qu’il ne fouffre point d’ufuriers dans
fes états. Par- là Thadée notoic indiredement la cour
de Rome, que l’on accufoitd’être infedée d e te vice .
Quant à la liaifon de Frideric avec le fultan d’ tg yp te
ôc les autres Sarrafins, à qui il.permettoit de demeurer
dans fes terres, il lofait exprès dit Thadée, 8c par pru-,
dence pour contenir fes fujets rebelles 8c fédit ieux,
8c pour épargner le fangchrétien dans les guerres où
il emploie ces infidèles. A l’égard des femmes Sarra-
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