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Vading. n. 4. de
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Rain. n. s8.
id. n.iy.
Tintent fpee.
Wifi. Itb. 31. c. 1
Bergeron voïage
de Cprpn. (> 9.
3 8 <S H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
r e n t , le pape leur parle de la chute du premier homme,
de ¡’incarnation & de la rédemption du genre
humain ; comme s’ils euffent eu déjà quelque connoif-
fance de nos myfteres, puis il ajoûte : Le Fils de Dieu
montant au ciel après farefurreétion a biffé fur la terre
un vicaire, auquel il a confié le foin des ames & les
clefs du roïaume des c ie u x a f in que lui & fes fuc-
ceffeurs euffent le pouvoir de l’ouvrir & de le fermer.
Lui aïant donc fuccedé , & defirant ardemment votre
falut,nous vous envoïons les porteurs de ces prefentes,
afin que recevant leurs inftruétions vous puiffiez em-
braffer la foi chrétienne. Il femble fuivanteette lettre
que J. C . n’ait donné fes pouvoirs qu’à S. Pierre & aux
papes fes fucceffeurs.
Frere Jean de Plan Carpinavoit été compagnon de
faint François : il fut le premier euftode de Saxe, puis
provincial d’Allemagne, & étendit fan ordre en Bohême
, en H on g r ie , en Norvège & en Danncmarc. La
lettre dont il étoit chargé pour les Tartares, contenoit
des reproches de leurs ravages & de leurs cruautez
contraires à l ’humanité le pape les exhortoit à s’en
défifter, principalement à l’égard des Chrétiens, à en
faire penitence, & s’humilier devant Dieu ; enfin à
dire quel eft le m o tif de leurs entreprifes, & jufques
où ils prétendent pouffer leurs conquêtes. Dans une
autre lettre à des miflîonnaires du même ordre, il leur
donne de grands pouvoirs, entr’autres de donner la
tonfure & l ’ordre d’acolyte.
V o ic i l’abregé de la relation de frere Jean de Plan
Carpin : Nous partîmes par le commandement du pape
l’an 124 6. &c d’abord nous nous adrefsâmes au roi
de Boheme qui nous étoit ami. Il nous confeilla d’aller
L i v r e q u a t r e - v i n g t -d e u x i e ’m e . 3 8 7
par b Pologne & la Ruffie , & nous donna des lettres
& une bonne, efeorte. Etant arrivez chez Conrad duc
de Lancicie, nous y trouvâmes Vafilicoduc de Ruffie,
qui à la pricre du duc Conrad nous mena chez lu i , Si
nous y retint quelque tems. Nous le priâmes de faire
venir fes évêques, & nous leur lûmes les lettres du pape
qui les exhortoit à fe réunir à I’églife, & nous efforçâmes
de les perfuader ; mais ils ne purent nous donner
de réponfe d écifive, à caufe de l’abfence du duc
Daniel frere de V a filico , qui écoit allé trouver Batou
ch e f des Tartares. Va filico nous fit conduire jufques
à Kiov ie métropole de Ruffie ; mais nôtre vie étoit toujours
en p e n l , à caufe des Lithuaniens, qui faifoient
iouvent descourfes dans le païs, ôc nous iouffrîmes
beaucoup du froid & de 1a neige.
Le fécond jour après la Purification, c’eft-à dire le
quatrième de Février 1246. nous arrivâmes à Canove
village dépendant immédiatement des Tartares ; &
le premier vendredi après le jour des cendres, qui étoit
le vingt-troifiéme du même mois, nous arrivâmes à
1a première garde des Tartares. Le lendemain matin c. i».
après avoir un peu marché nous rencontrâmes ceux
qui y commandoient ; & ils nous demandèrent pour- b«* c
quoi nous étions venus chez e u x , & quelle affaire
nous y avions ? Nous répondîmes : Nous fommes des
envoïez du pape , qui eft le pere & le feigneur des
Chrétiens, il nous envoie au r o i , aux princes des
Tartares, & à toute 1a n a tio n , parce qu’il defire que
tous les Chrétiens foient amis des Tartares, & aïent
b paix avec eux. Il fouhaite de plus qu’ils foient
grands auprès de Dieu dans le ciel -, c’eft pourquoi il
les exhorte tant par fes lettres que par nous à fe faire
C c c ij