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------------- écofes & aux fourures précieufes ; comme le menu
A n . 1148. vair & le petit gris : il ne porta plus ni écarlate ni
p i m : h i ß . p .m . ve rd, fes habits étoient de.camelot noir ou bleu. Il
n’ufa plus de dorures à fes éperons, ou aux brides de
fes chevaux, dont les feiles furent auifi fans ornement.
Et comme les pauvres avoient accoutumé da
profiter des teftes de fa garde-robe, il fixa à fon aumônier
une fomme pour les récompenfer de cette diminution
, ne voulant pas que fa modeftie leur fit
rien perdre,
M a t t h, F a r if . Aïant traverfé la Bourgogne , il vint à Lion , où
il vit encore le pape , & le pria inftamment d’écou-
ter favorablement Erideric, que les mauvais fuccès
avoient humilié, & qui demandoit pardon. Recevez
le d o n c , ajoûtoit le ro i, avec votre bonté paternelle
, quand ce ne feroit que pour me procurer
plus de sûreté-en mon voïage. Le roi voïant fur
le yifage du pape un air n é g a tif, fe retira trifte , &
.dit : Je crains que votre dureté n’attire bien -tô t
après mon départ au roïaume de France les attaques
des ennemis. Si l’affaire de la terre-fainte eft
retardée, ce fera fur votre compte, pour moi je con-
ferverai mon roïaume comme la prunelle de l’oe i l ,
puifque de fa confervation dépend la vô tre , & celle
de toute la Chrétienté. Le pape répondit •: Je défendrai
la France tanr que je vivrai contre le fchif-
matique Frideriç, contre le roi d’Angleterre mon
vaffal , & contre tous fes autres ennemis. Et le roi
un peu appaifé répliqua : Sur cette promeffe jç vous
laiife donc le foin de mon roïaume. En effet le
pape envoïa exprès deux nonces en Angleterre,
pour défendre au roi JJcprj d’attaquer aucune des
dépendance?
L i v r e q u a t r e - v i n g t - t r o i s i e ’m e . 42.J
dépendances de la France. — --------- -
Saint Louis intercéda auifi auprès du pape en fa- A n . H 4 8*
veur de Raimond comte de T o u lo u fe , pour obtenir G m i i . t d .L a u r .
l’inhumation en terre fainte du corps de Raimond * 7'
le vieux fon pere, mort l’an 1222. Dès l’an 1247. m.
Raimond le jeune avoir obtenu du pape une com-
miifion en vertu de laquelle Guillaume évêque' de m -
Lodeve fit une information des circonftances de l a I1^7'"-44'
mort de Raimond le vieux ; mais foit que le pape nc ^ c a t e i . a m u t t
trouvât pas la preuve fuififanre ou autrement, il re-
fufa la permiffion d’enterrer ce corp s, & il demeura
fans fépulture ecclefiaftique. Avan t que de quitter le
pape, le roi fit fa confeifion après s’y être préparé M « u h .p
tout à loifir ; S i aïant reçu l’abfolution S i fa benediç- i9’
tion il continua fon voïage.
Il aifiegea S i prit eû paffant un château fur le Rô- G i f * , p. ¡4s .
n e , nommé la Roche du G lu i, dont le feigneur r.48.
nommé Roger de Clorege rançonnoit les paffans ,
même les pelerins de la terre fainte. Quand le roi u a t t h . ta r i f .
approcha d’A v ig n o n , les François infulterent les
habitans, les appellant Albigeo is, traîtrés & empoi-
fonneurs. Ceux-ci furprirent quelques François dans
les défilez, en dépoüillerent & en tuèrent. Quelques
feigneurs propofoient au roi d’aifieger la v i l le ,
ou de leur pefmettre de le fa ir e , pour vanger la
mort de fon pere qui avoir été empoifonné. C ’eft-
à-dire qu’on les en foupçonnoit. Le roi rép o n d it, j r -
qu’il n’alloit vanger ni les injures de fon pere ni les
fiennes, mais celles de J e s u s - C h r i s t & paffa outre.
Le rems du paffage preffe, d ifo it-il, ne nous
laiffons pas tromper par le démon , qui veut y mettre
des obftaçles, Il arriva à Aiguës-mortes, où il
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