
A n. 12.38.
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Conquête de
Valence.
Hfeolano, lib. 3.
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484 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
Les moines de Vincheftre s'étant enfuiceafTemblez
pour l’éleêtion ; le roi y vint aufh- to t , Sc étant entre
dans le chapitre, il les preffa par promeffes Sc par
menaces d’élire l’éveque de Valence» Lux voulant
éviter fon indignation (.ans lui accorder ion injufte
demande, élurent Raoul de Neuville eveque de Chi-
cheftre Sc Ton chancelier ; mais le roi voïant fes prières
encore éludées, chargea Raoul d injures, le traitant
d’homme impétueux, colere _Sc pervers, Sc lui ota
fon fceau, difant aux moines, qu’ils étoient des in-
fenfez d’avoir élû. un tel eveque. Puis il envoïa en
cour de Rome deux légiftcs, qui a force d argent firent
caifer cette poftulation.
En Efpagne Jacques roid ’Arragon affiegeoit V a lence.
il entreprit la conquête de ce roïaume incontinent
après celle de Majorque Sc des 1 annee 1131. Il
prit plufieurs places pendant les années fuivantes Sc
avança jufques à lacapitale, qu ilcommençad affie-
ger après Pâques, c’eft-à-dire, au mois d Avr i l 1138.
Il avoit d’abord peu de troupes ; mais il lui en vint en-
fui te , non feulement d’Arragon Sc de Catalogne ,
mais de Provence , de France 8c d Angleterre : 1 archevêque
deNarbonne Pierre Ame l in y vint enper-
fonne accompagné de treize chevaliers 8c de cinq cens
hommes de pied. Le roi More qui commandoit à Va lence
étoit Zaïn , auparavant feigneur de Dénia ; 8i
Zeit-abouzeïc qu’il avoit chaflé fe fit Chret ien, fui-
vant la priere qu’avoientfait pour lui les deux freres
Mineurs Jean 8c Pierrequ’ilfit mourir en 1131. Zeïc
fut nommé Vincent au baptême ; mais il tint fa con-
verfion fecrete, pour ne pas fe rendre odieux aux Mu-
fulmans, car il efperoit de remonter fur le trône Si
avoit
L i v r e L X X X I . 185
avoit toujours un parti coniiderable.
Après fix mois de fiége Zaïm fut réduit à rendre
Valence, à condition que les habitans auroient la vie
fauve êc fureté pour fe retirer avec ce qu’ils pour-
L roient emporter fur eux. Ainfi le roi Jacques d’Ar-
[ ragon y entra viêlorieux le mardi vingt-huitième de
I Septembre 1138. veille de faint Michel. On fut oc-
I cupé pendant trois jours à nettoyer &c purifier les
I mofquées pour en faire des églifes.* Après avoir dif-
I tribué les maifons de la ville Scies terres d’alentour,
I le roi s’appliqua à donner des loix à ce nouveau
I roïaume , par le confeil des prélats Sc des feigneurs
I qui l’avoient fuivi en cette guerre. Lès prélats étoient
I Pierre archevêque de Tarragone , Berenger évêque
I de Barcelone , Vital d’Huefca , Bernard de Sarago-
I ce, Ponce de Tortofe , Garcia de Taraçone Sc Ber-
I nard de Vie : fept en tout. Entre autres loix le roi
I défendit aux Mores Sc aux Juifs d’avoir des efclaves,
I ou d’autres ferviteurs Chré t iens , ni des nourrices
I Chrétiennes pour leurs enfans : de tenir leurs bouti-
I ques ouver tes, ni de travailler les dimanches Sc les
I fêtes : Mais il permit aux Mores de travailler à leurs
I terres tous les jours indifféremment , excepté les
I quatre plus grandes fêtes de l’année. Pour ne point
I feandalifer ces inf idèles, il défendit de tailler en pu-
■ blic les images de pierre de J. C. Sc desSS. afin qu’on
1 ne les vî t point ébauchées Sc difformes , 'n i de les
I vendre dans les rues, non plus que les images en
I peinture. Il accordal’immunité, c ’e ff-à-dire, le droit
I d’azile à la grande églifede Va lence , à celle du mar-
I tyr S.Vincent patron de la v ille, Sc à toutes les prin-
I cipales églifes du roïaume.
Tome X n i A a
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