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— ment, non fans foupçon d’herefie. Les patrons des
A n . 1146. églifes 8c des monafteres, 8c d'autres qui fe difent
fauifement patrons, en donnent les biens à leurs bâtards,
8c logent dans les lieux réguliers, dans les c lo îtres
8c les réfeètoires des perfonnes indignes, 81 juf-
quesàleurs chevaux. Onenleveimpunémentdes femmes,
même des religieufes : on fait fouffrir de cruels
tourmens à des laboureurs & à des marchands, pour
en tirer de l'argent. Le roi laiffe dépérir les châteaux
8c les terrés' de fon domaine ; 8c fouffre que les Sarra-
iins de la frontière empiètent fur les terres des Chrétiens.
Sur ces plaintes le pape Innocent écrivit encore
. une lettre d’avertiffement au roi de Portugal, en datte
du vingtième de Mars 1143. marquant qu’il a donné
charge à l’évêque de Porto en Galice , à celui de Co-
nirnbre, & au prieur des freres Prêcheurs du même
n. ¡p. 9.ap. lieu, de lui rendre compte de fa conduite au concile
Ram. »145. ». 6. LJon qUj s’alloit tenir.
Le principal promoteur de ces plaintes étoit Alfon-
fefrere du roi de Portugal, comte de Boulogne fur
mer, par fa femme Mathilde, & préfomptif héritier de
la couronne, car le roi Sanche n’avoit point d’enfans.
Il ne laiffa pas de pourfuivre auprès du pape la caffa-
tion du mariage du roi avec Mencia, pour caufe de
parenté, le pape commit l’archevêque de Compof-
teile 8i l’évêque d’Aftorga pour en informer ; mais
a. ef. 144- cette pourfuite fut fans effet. Enfuite Alfonfe alla lui-
même à Lion, & négocia fi bien avec le pape , qu’après
le concile il fit expëdier une bulle adreffée aux
barons 8c à tous les peuples de Portugal, dans laquel-
nî. tf.cur.19. Ie Ie pape aïant énoncé les plaintes portées au S. fiege
Ram. ». «s. contre je roi Sanche, dit que voulant relever ce roïau-
L i v r e q u a t r e -v i n g t - d e u x i e ’m e . 3 5 7
me tributaire de l’églife Romaine par la bonne con- ^ ^
duite d’un homme fage, il ordonne à tous les Portugais
de recevoir le comte de Boulogne dans toutes les Qj
villes, châteaux 8c autres places du roïaume où il fe
prefentera 3 d’obeir en tout a fes ordies, lui donner fe—
cours contre tous ceux qdilui voudront refifter ; 8c lui
remettre tous les revenus du roïaume, fous peine d’y
être contraints par cenfures ecclefiaftiques, fuivant
le pouvoir qu’il en donne à.l’archevêque de Brague 8c
à l’évêque de Conimbre. En- q u o i, ajoute le pape ,
nous ne prétendons point otet le roïaume au ro i, ou
à fon fils légitime, -s’il lui en vient, mais feulement
pourvoir à fa confervation & a celle du roïaume pendant
fa vie. La bulle eft du vingt quatrième du Juillec
Il en arriva ce qu’on en devoir attendre naturellement,
c’eft-à-dire, une guerre civile. Quelque mé-
prifé que fût le roi Sanche, il ne laiffa pas de trouver
quelques feigneurs qui lui furent fideles ;& Alfonfe
ne pur réduire à fon obéiffance plufieurs,villes que par
la force. Enfin il demeura maître du Portugal, 8c
Sanche fut réduit à fe réfugier à Tolede près de Ferdinand
roi de Caftille.
Or entre les places que fournit Alfonfe comte de
Boulogne, il y en avoit que le roi Sanche avoit données
à Alfonce fils du roi Ferdinand ; 8c ce fut le fujet
de fa plainte au pape, qui lui répondit : Vous devez
favoir qu’encore que le comte de Boulogne ait ete
commis à la garde du roiaume, pour en faire ceffer
les abus intolérables qui s y commettoiçnt, il n a pas m. ep. ap.
été de notre intention de déroger en rien au droit,
ou à la dignité du ro i, s’il vient en état de gouverner
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