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•-------------- de ne procurer ni ne permettre que l’école de Pa-
A n . 1156. ris foie diilipée qu transférée ailleurs fans la per-
t - i * - milfion du pape. De déclarer ou prêcherpublique-
m en t, tant en cour de Rome qu’à Paris, les propo-
fitions fuivantes : Le pape peut envoïer par tout le
monde des prédicateurs ô c des confeifeurs, fans le
confentement des prélats inférieurs ou des curez.
Les évêques peuvent donner pouvoir de prêcherai
de confefler dans leurs diocefes, fans le con-
fenternent des curez. L’état de mandicité embraffé
pour 1 amour de Jefus-Chrift, eftunétatdefalut.&
ô c de perfection ; ô c les religieux qui l’ont embraffé,
peuvent vivre d’aumônes, fans travailler de leurs
mains : quoique valides, principalement S’ils s’appliquent
à l’étude & à la prédication. Ces deux ordres
religieux font bons & approuvez par l’églife, comme
Dieu l’a declaré par les miracles des faints de
l ’un ô c de l ’autre légitimement canonifez par l’égli-
fe. Les deux doêteurs promirent tout ceci publiquement
dans le palais du pape à Anagni le vingt-
troiiîéme d’O&obre n j s . ô c il en fut dreifé un acte
autentique.
É H H I SaInc. Thomas d’Aquin dont il eft fait mention
de faict Thomas etoit ne vers l’an i z z j . d’une famille très-noble 3
Z u Z 6 p 6(7 connuë dès l’an 99<>- Aquino eft une petite ville de
s ' c h Z . f Z . Campanie au roïaume de Naples., ô c Landolfe
v M p . i u . pere de faint Thomas qui en étoit comte , aïant
plufieurs autres enfans, mit celui-ci dès l ’âge de
cinq ans au M on t-C a ffin , pour y être inftruit ô c
elevé dans la difeipline monaftique,efperant qu’un
B M p .M o . jour il en pourrait être abbé. Enfuite Landolfe par
le confeil de l’abbé du Mont-Caffin envoïa le jeune
L i v r e q u a t r e - v i n g t - q u a t r i e ’me . 581
Thomas à Naples, où il étudia la grammaire ô c
la logique fous le profeifeur Martin , & la phyfi-
que tous Pierre d’Hibernie. C ’étoit comme nous
avons vû le premier reéteur de cette univerfité , ”
nouvellement fondée par l’empereur Frideric.Thojp
mascomrrtençoit à y faire paraître fon talent pour
les fciences, quand il entra chez les freres Prêcheurs
au convent de faint Dominique à Naples
en 114 3 .Ses parens le trouvèrent fort mauvais,dédaignant
la pauvreté de cet ordre ; ô c fa mere l’étant
venue chercher à Naples, les freres Prêcheurs
l’envoïerent premièrement à R om e , puis à Paris.
Mais comme il paifoit auprès d’Aq.uapendente
avec quatre autres Jacobins, ô c fe repofoit auprès
d’une fontaine , fes freres qui le faifoient guetter
l’arrêterent ; ô c laiifant aller fes compagnons,ils le
menèrent dans le. château de la Roche-feche, appartenant
à leur pere, où il fut enfermé ô c gardé
pendant environ un an. Là fies feres. le tentèrent
en plufieurs manieres de quitter, l'ordre de,-faint
Dominique. Ils lui firent déchirer fon habit ; mais
ils en garda les morceaux ô c s’en enveloppa plûtôt
que d’en prendre un autre. Us lui envoïerent dans
fa chambre une très-belle fille parée, enjoiiée ô c
propre à le féduirç par fes careíTes ; mais il prit un
tifon dans la cheminée, ô c çhaffa cette malheureufe
avec indignation 3 puis aïant fait une croix contre
la muraille avec la pointe du tifon , il fe profter-
11a ô c demanda à Die,u le, don de la virginité qu’il
garda en effet toute fa vie. Pendant cette prifon
il perfuada à une de fes foeurs de quitter le monde,