
A n . 1x33.
XXII.
Frere Jean de
Vicence.
Sigon.lib. xvi t»
de regnoltal.p•
4 JVas.,
ep. pr&die*
par. J . e. 4 5 . p*
V '
50 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
le nom de Nocera des païens, pour la diftinguer de
Nocera enOmbr ie.
La réputation 3c l’autorité des freres Prêcheurs
croiffoit de jour en jour principalement en Italie. A
Boulogne fe trouvoit alors frere Jean de Vic en c e ,
qui aïant commencé à prêcher gagna tellement les
coeurs de tout le peuple par fa doétrine 8c fa vertu ,
qu’il étoit le maître de la ville. Les.bourgeois, les
paï fans, les a rtifans, les nobles, le fuivoient avec les
croix 8c les bannières 8c fe remettaient à lui feul de
toute leur conduite : il ri’y avoit procès qu’il ne terminât
8c divifion qu’il n’appaisât. L’évêquemême 5e
le corps de ville étant depuis long-tems en différend
touchant la jurifdi&ion criminelle , lé prirent pour
arbitre , 8c s’en tinrent à fa détifion. Il fit fortir de
prifon du confentement des magiftrats-ceux qui n’y
étoient que pour det tes, & perfuada aux créanciers de
faire des remifes confiderables. Un jour il prêcha avec
tant de vehemence contre les ufuriers, que le peuple
courut auffi-tôt chez un fameux ufurier nommé Lan-
dulfe , 8c abattit famaifon. Tou te la Lombardie étoit
remplie du bruit de fa prédication 8c de fesmiracles,
ôc on venoit de toutes parts le voir 8c l’entendre.
La ville de Boulogne craignant qu’on ne l’en retirât
envo ïaune ambaffade au pere Jourdain qui tenoit le
chapitre g éné ra l , 8c elle lui repréfenta entre-autres
raifons, que Jean avoit femé dans leur ville la parole
de Dieu avec grand applaudiffement; 8c que tout
le fruit qu’on en efperoit pourroit fe perdre par fon
abfence. Mais Jourdain après avoir loué leur dévotion
témoigna qu’il n’étoit pas fort touché de cette
raifon. C a r , d i t - i l , les iemeurs n’apportent pas leur
L i v r e L X X X. ji
lit fur le champ qu’ils ont femé pour y coucher jul-
ques à ce qu’ils voient comment lafemence fruélifie:
ils la recommandent à Dieu & vont femer un autre
champ. Ainiî peut-être feroit-il expédient que frere
Jean allât femer ailleurs la parole de D ie u , fuivantee
que le fauveur difoit : Il faut que j ’aille auffi prêcher
à d’autres villes. Toutefois nous délibérerons de cette
affaire avec nos définifeurs, 8c nous ferons enforte
que vous aurez fujet d’être contens.
Le pape Grégoire voïant l ’autorité que s’étoit ac-
quife frere Jean de Vic en c e , l’emploïa pour réünir ôc
pacifier les villes d’Italie: craignant que l’empereur
Fridericnefeprevalût de leur divifion pour fe les af-
fujettir, principalement celles de Lombardie. Il fit
donc Jean fon légat dans la Marche d’An c on e , Sc
l’envo'ia enfuite en T o fc a n e , pour faire la paix entre
Florence 8c Siene. Mais il ne fut pas aifé de le tirer de
Boulogne 8c des autres villes où il étoit chéri; 8c le
pape fut obligé de les menacer des cenfures ecclefia-
ftiques fi elles s'opiniâtroient à le retenir. Le pape
écrivit à ce faint religieux pour le féliciter du fuccès
de fes travaux 8c l’y encourager ; 8c pour le confoler
des calomnies qu’on répandoit contre lui.
Pendant que frere Jean de Vicence étoit à Boulogn
e , il procura la tranilation de S. Dominique. De puis
douze ans qu’il étoit mort fes difciples n’avoient
encore rien fait pour honorer fa mémoire ; 8c quelques
uns demeurant dans leur fimplicité, difoient
qu’il fuififoit que fa fainteté fût connue de D i e u , fans
fe mettre en peine qu’elle vînt à la connoiffance des
hommes. Toutefois le peuple reclamoit l’afliftance
du faint pour diyerfes maladies : plufieurs demeu-
G i;
A n. 1x33.
Sigort. p. 44 -
r r i . ep.'6S. 1 1 S 1
i îo . 187. ap»
Rain 1 2.3 3 72»
3^- 57 * 3
XXIII.
Canoniiàcion
de S. Dominique.
Cbr• MS ap
Boll.i).Rebr.to,
4- p. 7 H - epifi.
Jordan• ap.
B&ov. n J.