
A n. i 140. riiberi, portant qu’ils pourvûflent trois cens Romains
des premiers bénéfices vacans: fous peine d’être fuf-
pens de la collation de tous bénéfices j ufques à ce que
ce nombre fût rempli. Ce mandement parut fort
étrange ; 8c on difoit en Angleterre, que le pape avoit
fait une convention avec les Romains , par laquelle
il leur avoit promis pour leurs enfans, ou pour leurs
parens autant qu’ils voudraient de bénéfices en Angleterre
, principalement de réguliers, à condition
qu’ils fe ligueraient contre l’empereur. Le pape en-
voïa auffi en Angleterre un nomméPierre le Rouge,
qui entrait dansles chapitresdesmonafteres, 8c pour
, . ■ . engager les religieux à païer la fubvention , j ’entens
le cinquième du revenu, leur difoit; Un tel 8c un tel
évêque , un tel 8c un tel abbé ont déjà fatisfait volontairement
: pourquoi tardez-vous tant, afin de donner
votre argent fans qu’on vous en fâche gré? Et il
leur faifoit promettre de n’en point parler pendant fix
mois : voulant faire croire à chaque communauté
qu’elle avoit l’honneur de païer la première.
Les abbez allèrent fe plaindre au roi, 8c deux portèrent
la parole , l’abbé de S. Edmond 8c l’abbé de
Bel. Seigneur , dirent-ils, le pape nous impofe une
charge infuportable. Nous tenons de vous des fei-
gneuries que nous ne pouvons appauvrir qu’à votre
préjudice : ni nous acquitter de ce que nous vous devons
pour ces terres , 8c en même tems fatisfaire le
pape qui nous charge tous les jours de nouvelles im-
pofitions fans nous laiiïer tant foit peu refpirer. Nous
vous demandons fur ce fujet votre proteélion. Le roi
les regarda de travers 8c leur parla d’un ton menaçant:
puis s’adreifant au lé g a t , qui étoit préfent : Voïez ,
XXXVIII.
Oppolîtion du
Clergé.
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L i v r e L X X X I . x 37 —
dit - il , ces miferables qui publient les fecrets du pape, A n. 1x40.
âc qui murmurent pour ne fe pas foûmettre à votre
volonté : faites d’eux ce qu’il vous plaira , je vous
prête un de mes meilleurs châteaux, pour les y mettre
en prifon. Les pauvres abbez fe retirèrent confus
8C prêts à obéïr au légat.
il croïoit traiter de même les évêques, qui avorent
été convoquez pour ce fujet à Northamron : mais in-
ilruits par l’exemple des abbez, ils répondirent : Nous
avons des archidiacres qui connoiflent les facultez
des bénéfices de leur dépendance, 8c d’ailleurs cette
affaire eft gencrale , 8c nous ne pouvons répondre
fans les autres prélats. On leur donna jour à l’oétave
de la faint Jean, c’eft-à-dire au premier de Juillet ,
8c ce jour étant affemblez en la préfcnce du légat , ils
ne voulurent pas le contredire ouvertement, mais ils
propoferent modeftement leurs raifons Nous ne devons
point, difoient-ils, païer cette contribution q u i
tend à répandre le fang des Chrétiens 8c attaquer un
prince allié du notre : car le mandement du pape
porte que c’eft pour faire la guerre à l ’empereur. Il
dit aum que les oppofans feront réprimez par cenfu-
res ecclefiaftiques : ce qui emporte contrainte, 8c
par confequent bleffé la liberté eeclefiaftique. D ’ailj-
leurs nous avons déjà donné des décimes au pape ,
avec proteilation qu’on ne feroit plus d’éxaétion fem-
blable : beaucoup moins du cinquième , comme celle
ci ; 8c il eft à craindre qu’elle ne palfât en coûtu-
me. Nous avons continuellement des affaires à fol-
liciter en cour de Rome , oànous ne pouvons aller
que par les terres de l’empereur, 8c il pourrait nous
faire arrêcer 8c maltraiter. Le roi notre maître a p lu -
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