
¿3 £ H I S T O I R E E C C L E S I A S T I QU E.
à de telles places : quelle cil leur renommée, quel
fruit ilsont fait,comment ils ont fini.Repaffezatten-
tivement dans votre efprit quel embarras & quelle
difficulté ferencontredanslegouvernementdeségli-
fes en Allemagne, ôc combien il eft difficile de n’y
pas offenfer Dieu ou les hommes. Enfin comment
pourrez-vous fouffrir l’engagement des affaires temporelles
, ôc les périls de péché, après avoir tant aimé
les livres faints 6c la pureté de confidence ? Que fi
vous cherchez l’utilité des ames,confiderez que vous
perdrez entièrement par ce changement d’état les
fruits innombrables que vous faites, non feulement
en Allemagne, mais prefque par tout le monde ,
par votre réputation, votre exemple ôc vos écrits : au
lieu que le fruit que vous ferez dans l’épifeopae eft
tout-à-fait incertain. Vous voïez encore, mon cher
frere , que tout notre ordre vient d’être délivré de
grandes perfecutions, ôc rempli d’une grande con-
folation : que feroit-ce fi vous alliez le replonger
dans une plus profonde triftçffe. Puiffai-je apprendre
que mon cher fils eft dans le cercueil, plûtôt
que fur la chaire épifcopale. Je vous conjure donc
à genoux par l’humilité de la fainte Vierge ôc de fou
fils, de ne pas quitter votre état d’humilité : enfortc
que ce que l’ennemi a peut-être préparé pour la
perte de plufieurs, tourne à une double gloire pour
Vous & pour nous. Faites-nous une réponfe qui
nous raffure ôc nous confolc nous & nos frères.
Albert ne laiffa pas d’accepter 1 évêché de Ratif-
bonne, mais il ne le garda que trois ans au plus.
Il étoit né à Lavingen fur le Danube en 12.05. de
Ja famille des comtes cjeBolftat. Il fit fes premières
études
^ L i v r e q u a t r e - v i n g t -q u a t r i e ’m e . ¿ 5 7
etudes a Paffau, ôc entra dans l ’ordre des freres -----
Prêcheurs aïant environ vingt-neuf ans, & étant f jP 3 |
■déjà favant en philofophie , particulièrement en 7itatl>-
phyfique. Il enfeigna à C o lo gn e , puis à Hildes-
neim, à Fribourg, à Ratiibonne , à Strasbourg:
puis il revint a C o lo gn e , où S. Thomas d’Aquin
fut fon difciple comme j ’ai dit. En 1 1 4 5 . Albert
fut envoie à Paris, où il fut paffé dodeur l ’année
fuivante, ôc retourna à Cologne en 12. 48. Sonap-
plication à l’étude ne l’empêchoit pas de reciter
cous les jours le pfautier , & de donner du rems à
l ’oraifon & à la méditation des myfteres. En 12.54. '
il fut fait à Vormes provincial d’Allemagne; & pendant
qu’il fut en charge, il faifoitfes vifites à pied,
fans argent,^demandant l’aumône.Quand il faifoit
du fejour dans un monaftere, il s’occupoit à tranf-
crire des liv re s , & les laiffoit à la maifon. Il fut
envoie nonce en Pologne, pour yabolirles courûmes
barbares de tuer les enfans qui naiffoient imparfaits,
ou les vieilles gens invalides, comme il le
témoigné lui-même. Le pape Alexandre IV . l ’aïant ▼«.?»/«>.». 14,
appelléà Rome le fit maître du facré palais-, & en
cette qualité il expliqua l’évangile de faint Jean &
les épitres canoniques. Il eut grande part aux dif-
pures contre Guillaume de Saint - Amour. Enfin
après avoir refufé plufieurs dignitez que le pape
lui avoir offertes, il accepta Tévêché de Ratisbon-
ne. Il changea d’h ab it, mais non de maniéré de
vivre : il prêchoit fouvent & s’acquittoit de toutes
fes fonétions, fans difeontinuer fes études ôc la
eompofitionde fes livres. rxv.
Cette a n n e en é o . furent tenus plufieurs conci- 5nc"c‘le dcCoI,>'
Tçme X IV I , O o o o