
*--------------- de fes pieds. Telle cft en fubftance la lettre de Sal-'
A n . 1 1 4 7 . chin au pape.
Les frères.Prêcheurs dont il parle étoient apparemment
Afcelin & fes trois compagnons, dont l’un
nommé Simon de faint Quentin écrivit la rélation
de leur, voïage en Tartarie : elle commence ainiî :
L an 1 14 7 . le jour de la tranilation de. faint Dominique
, c’eft-à-dire le vingt-quatrième de M a i , frerc
Afcelin envoie par le pape arriva avec fes compagnons
à l’armée desTartares en Perfe , commandée
par Baïothnoi, qui l’aïant appris leur envoïa quelques-
uns de fes grands officiers avec fon egïp ou principal
confeiller & des interprètes. Ils leur demandèrent de
quelle part ils venoient. Erere Afcelin répondit : Je
fuis envoie du pape, qui chez les Chrétiens cft eftimé
le plus grand de tous les hommes en dignité , 8c révéré
comme leur pere & leur feignetir. Les Tartares
fort indignez de ce difeours dirent ; Comment ofez-
vous dire que le pape vôtre maître eft le plus o-rand
de tous les hommes ? ne fait-il pas que le Can eft
le fils de Dieu , & que Baïothnoi & Batho font des
princes fournis à lui ; Afcelin répondit : Le pape ne
fait qui eft le C a n , ni qui font Baïothnoi Sc Batho,
il n’a jamais oüi leurs noms4 s’il les avoit fçûs il n’au-
roit pas manqué de les mettre dans les lettres dont il
nous a chargez. Il a feulement appris qu’une certaine
nation barbare nommée les Tartares, eft fortie
de l’O r ien t, a conquis plufieurs païs & paifé une infinité
d’hommes au fil de l’épée. Etant donc touche
de compaflion, par le conicil de fes freres les
cardinaux, il nous a envoiez a la première armée
de Tartares que nous rencontrerions pour en exhorter
L i v r e q u a t r e - v i n g t - d e u ^ i e ’m e . 3 5 7
le chef & tous ceux qui lui obéiffenc à ceifer cette —
deftrudion , principalement des Chrétiens, 8c fe rc- A s
pentir des crimes qu’ils ont commis .. C ’eft pourquoi
nous prions vôcre maître de recevoir les lettres du
pape & y faire réponfe.
Les Tartares s’e n . allèrent & revinrent quelque- '•41
tems après revêtus ;d’autres habits & demandèrent
aux freres , s’ils apportoient des prefens. Afcelin répondit
: Le pape n’a pas açc-qûtumé d’envoïer des
prefens, principalement à.des inconnus 8c des infidèles
: au contraire les Chrétiens fes .enfans lui en
envoient , & fouvcnt.Ies infidèles même. Les Ta r-
tares demandoient aux freres avec empreifement fi
les Francs pafleroient cncqre en Syrie ; c^r ils di-
foient avoir appris par leurs marchands que plufieurs
devoient y venir bien-tôt. Et peut-être fongeoient-
ils à leur tendre des pieges en feignant de vouloir
embralfer la foi ou autrement, pour les détourner
de leurs terres Se fe les rendre amis au moins pour
un tems. Car au rapport des Géorgiens Se des A r méniens,
ils craignent les Francs fur toutes les nations
du monde. Enfuite les officiers Tartares re- c.4»
vinrent Se dirent aux freres : Si vous voulez voir notre
maître Se lui prefenter les1 lettres du vôtre , il faut
que vous l’adoriez par trois génuflexions, comme le
fils de Dieu régnant fur la terre j-car tel eft l’ordre
du C a n , que Baïothnoi foie honoré comme lui-
même. Quelques-uns des Freres craignoient que cettç
adoration ne fut une idolâtrie ; mais frere Guichard
de Crémone qui favoit les coûtumes des Tartares,
leur répondit : Ne craignez r ie n , on ne vous de-
D d d iij